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L'opposition guinéenne annonce la reprise des manifestations


Des partisans de l’opposition marchent dans les rues de Conakry, Guinée, 2 août 2017.
Des partisans de l’opposition marchent dans les rues de Conakry, Guinée, 2 août 2017.

Dix candidats d'opposition à l'élection présidentielle du 18 octobre en Guinée ont appelé vendredi leurs partisans à reprendre les manifestations mardi, en rejetant les résultats provisoires de la présidentielle ayant déclaré le chef de l'Etat, Alpha Condé, réélu.

Cette annonce, le 24 octobre, avait déclenché la joie de ses supporters et donné le coup d'envoi à une semaine de violences meurtrières entre partisans des deux camps et de heurts entre les forces de l'ordre et des jeunes manifestants dans les quartiers réputés favorables à l'opposition.

"Compte-tenu des graves irrégularités enregistrées avant, pendant et après le scrutin, les participants ont décidé de rejeter catégoriquement les résultats provisoires proclamés", a déclaré devant la presse à Conakry Cellou Dalein Diallo, arrivé second du scrutin du 18 octobre - en compagnie de neuf autres candidats.

Au total 12 candidats ont participé au scrutin. Selon Aliou Condes, secrétaire général du parti de M. Diallo, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), un seul, Laye Souleymane Diallo, a reconnu la victoire du chef de l'Etat.

"A partir de mardi nous allons reprendre les manifestations pacifiques dans les rues et les places publiques pour dénoncer le hold-up électoral en cours et exiger la reconnaissance de notre victoire", a ajouté M. Diallo, qui avait déjà rejeté les résultats dès leur proclamation par la Commission nationale électorale (Céni).

Selon les résultats provisoires annoncés le 24 octobre par la Céni, le chef de l'Etat, 82 ans, a été reconduit pour un troisième mandat controversé en obtenant 59,5% des suffrages exprimés. Le chef de l'opposition a été crédité de 33,5% des voix.

Selon le gouvernement, les violences post-électorales ont fait 21 morts, dont des membres des forces de l'ordre. L'opposition dénonce pour sa part une "répression sanglante" ayant fait au moins 27 tués. Vendredi, M. Diallo, a affirmé que "plus de trente" personnes avaient été tuées.

Le pouvoir guinéen a allégé mercredi le dispositif sécuritaire en place depuis la présidentielle, notamment autour du domicile du chef de l'opposition.

- "Interrogations" sur le résultat -

Et la majorité présidentielle s'est "félicitée du bon déroulement de l'élection présidentielle", estimant que "de l'avis unanime de toutes les parties", le scrutin avait été "ouvert, transparent, inclusif".

La France, ancienne puissance coloniale, a pourtant exprimé mercredi sa "préoccupation" sur la situation en Guinée, estimant que les doutes sur la crédibilité des résultats devraient être "levés de façon transparente".

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell a lui souligné que "des interrogations demeurent quant à la crédibilité du résultat, notamment en ce qui concerne la remontée des procès-verbaux et le décompte final des votes".

Egalement "préoccupés" par les interrogations autour de la fiabilité du scrutin, les Etats-Unis ont "condamné la violence" et exhorté "toutes les parties à résoudre pacifiquement les différends électoraux".

"Nous exhortons les autorités à enquêter immédiatement sur les allégations de recours excessif à la force par les forces de sécurité", a écrit l'ambassade américaine à Conakry dans un communiqué.

L'opposition a jusqu'au début de la semaine prochaine pour introduire un recours devant la Cour constitutionnelle, qui disposera ensuite d'un délai de cinq jours pour prononcer les résultats définitifs.

Réélu en 2015 pour un second et dernier mandat, M. Condé s'est représenté pour un troisième, arguant que l'adoption en mars d'une nouvelle Constitution remettait à zéro le compteur de mandats présidentiels. Mais ses adversaires ont dénoncé un "coup d'Etat constitutionnel".

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