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L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos s'est exilé aux Emirats Arabes Unis


Des manifestants défilent à Madrid, le 9 août 2020, contre la monarchie espagnole pour la première fois depuis que l'ancien roi espagnol Juan Carlos a quitté le pays au milieu d'une enquête sur son implication présumée dans un contrat de train à grande vitesse en Arabie saoudite.
Des manifestants défilent à Madrid, le 9 août 2020, contre la monarchie espagnole pour la première fois depuis que l'ancien roi espagnol Juan Carlos a quitté le pays au milieu d'une enquête sur son implication présumée dans un contrat de train à grande vitesse en Arabie saoudite.

La Maison royale a levé le secret : l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos, entouré de soupçons de corruption notamment pour ses liens avec les monarchies du Golfe, s'est installé aux Emirats Arabes Unis à son départ en exil début août.

L'ex-souverain, 82 ans, "s'est rendu aux Emirats Arabes Unis le 3 août et y reste", a déclaré un porte-parole de la Maison royale, sans autre précision, mettant fin à deux semaines d'intenses spéculations.

L'ancien monarque avait annoncé le 3 août qu'il s'éloignait de son pays pour "faciliter l'exercice" de ses fonctions à son fils Felipe VI, au moment où les justices suisse et espagnole épluchent ses comptes en banque.

Juan Carlos avait fait savoir par son avocat qu'il restait à la disposition de la justice si besoin était.

Même si le quotidien conservateur pro-monarchie ABC avait affirmé le 7 août que le roi émérite était parti pour Abou Dhabi, d'autres médias le voyaient au Portugal, où Juan Carlos a passé une partie de sa jeunesse, ou en République dominicaine.

Aucune enquête ne vise à ce jour Juan Carlos lui-même mais les accusations d'une ancienne maîtresse, Corinna Larsen, relayées par la presse, ont éveillé la curiosité d'un procureur de Genève sur sa fortune qu'il aurait placée sur des comptes secrets en Suisse. L'ancien monarque, qui entretient des liens étroits avec les monarchies du Golfe, y aurait notamment reçu 100 millions de dollars de l'Arabie saoudite en 2008.

Les procureurs de la Cour suprême espagnole, seule habilitée à juger un ancien souverain, cherchent eux à savoir si la conclusion en 2011 d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite aurait donné lieu à des commissions illégales et si le roi Juan Carlos en aurait bénéficié, comme l'affirme Corinna Larsen.

Cette liaison ferroviaire de 450 kilomètres entre la Mecque et Médine a été inaugurée en 2018.

Les révélations de la presse sur l'enquête se succédaient ces derniers mois, accentuant la pression sur la Maison royale qui a encouragé ce départ à l'étranger, avec l'accord du gouvernement.

Un exil mal perçu

Juan Carlos, monté sur le trône en 1975 à la mort du dictateur Francisco Franco, avait abdiqué après 38 ans de règne en juin 2014 en faveur de son fils Felipe VI, après qu'un accident a révélé qu'il chassait l'éléphant en Afrique avec sa maîtresse pendant que son pays était dévasté par la crise économique.

Le souverain avait pourtant été très populaire pendant des décennies en raison de son rôle clé dans la transition pacifique vers la démocratie à la fin de la dictature de Franco, au pouvoir depuis 1939.

Son départ en exil n'a pas été bien accueilli en Espagne. Selon un sondage publié dimanche par ABC, journal favorable à la couronne, 56 % d'un échantillon de 802 personnes le désapprouvent. Et 61% estiment qu'il nuit à son fils.

Les partis anti-monarchistes, y compris la gauche radicale Podemos qui fait partie du gouvernement, ont dénoncé une "fuite".

Depuis son accession au trône en 2014, le roi Felipe VI a pris des mesures pour améliorer l'image de la monarchie, édictant par exemple un code de conduite de la famille royale ou supprimant en mars dernier à Juan Carlos sa dotation annuelle.

Sans réussir à redorer vraiment l'image de l'institution, d'autant qu'entre-temps, le beau-frère de l'actuel monarque a été envoyé en prison pour corruption.

L'institut de sondage officiel a cessé en 2015 d'interroger les Espagnols sur leur soutien à la monarchie, lorsque la cote de popularité de l'institution était à peine de 4 sur 10. Elle dépassait 7 sur 10 dans les années 1990, au sommet de la popularité de Juan Carlos.

Les sondages privés font apparaître un pays divisé à parts égales entre défenseurs de la Couronne, généralement âgés et conservateurs, et anti-royalistes, plutôt jeunes ou électeurs de gauche.

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