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L'ex-PDG du géant sud-africain Steinhoff nie toute malversation


Markus Jooste a catégoriquement nié toute malversation dans le scandale financier qui a failli causer la banqueroute du groupe, dont la dette est estimée à près de 12 milliards de dollars.

Cible de toutes les suspicions, M. Jooste a livré pendant trois heures ses premières explications publiques sur l'affaire à une commission d'enquête du Parlement.

"Je veux qu'il soit noté que, lorsque j'ai quitté Steinhoff le 5 décembre 2017, je n'étais pas au courant d'éventuelles irrégularités financières, contrairement à ce qui a été dit", a-t-il d'entrée de jeu déclaré aux députés.

"Je n'ai jamais menti sur les activités de la compagnie", a-t-il insisté, "je n'ai été informé d'une quelconque violation délibérée du code de conduite de Steinhoff".

Le scandale a éclaté le 6 décembre 2017, lorsque Steinhoff, géant sud-africain de la distribution, a annoncé la démission de Markus Jooste et la découverte d'un "trou" de 6 milliards de dollars dans ses comptes. La nouvelle a fait chuter de 95% les cours du titre du groupe, dont la dette est aujourd'hui estimée à près de 12 milliards de dollars.

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L'affaire a causé un séisme en Afrique du Sud, où le groupe est l'une des principales capitalisations boursières de Johannesburg.

La dégringolade du cours de ses actions a notamment mis en difficulté le principal fonds de pension des fonctionnaires du pays, qui détient près de 9% de son capital.

Le principal actionnaire du groupe, le milliardaire sud-africain Christo Wiese, a ainsi vu sa fortune personnelle s'évaporer de 4,9 milliards de dollars à 2 milliards de dollars, selon l'agence Bloomberg.

M. Wiese a depuis saisi la justice pour récupérer 59 milliards de rands qu'il avait investis dans Steinhoff.

M. Jooste, qui fait aujourd'hui l'objet d'une enquête pour fraude de la police sud-africaine, a confié mercredi avoir lui-même perdu plus de 202 millions de dollars dans la déconfiture de Steinhoff.

Devant des députés circonspects, il a attribué l'essentiel des difficultés financières du groupe à une alliance malheureuse avec le groupe allemand Seiffert en 2007.

"La plus grande erreur stratégique que nous avons faite était de choisir le mauvais partenaire", a-t-il déclaré, "nous avons grandi trop vite et dans beaucoup trop de pays".

Originaire d'Afrique du Sud, le groupe s'était signalé ces dernières années par une frénésie d'acquisitions d'entreprises.

Steinhoff est aujourd'hui présent dans une trentaine de pays, avec en Europe des enseignes comme Conforama, sponsor de la Ligue 1 de football tricolore, et Poundland, la chaîne britannique de magasins à prix unique.

"Je me sens totalement responsable de ce qui s'est passé pour les raisons que j'ai évoquées", a-t-il répété.

Pressé de questions sur les raisons de sa démission, Markus Jooste a évoqué son opposition à un audit des comptes ordonné par le conseil d'administration au cabinet indépendant Deloitte.

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"Moi, je ne partirai pas comme ça après 29 ans d'ancienneté", lui a lancé un député, Mkhuleko Hlengwe. "On ordonne un nouvel audit et vous partez comme ça ? (...) soyez honnête".

"J'ai dit au conseil que pour moi, la nouvelle enquête ne serait pas finie avant deux ans et je savais que cela allait plonger l'entreprise dans l'incertitude", a répondu M. Jooste, "mes pertes financières personnelles n'ont rien à voir dans mon départ (...) je voulais qu'ils prennent la bonne décision pour l'entreprise".

"Vous vous présentez devant nous comme la Mère Theresa de Steinhoff", a raillé le président de la commission, Yunus Carrim.

"Vous ne croyez pas que vous pouvez en dire un peu plus ?", a poursuivi M. Carrim sans masquer sa frustration. "Si les choses étaient telles que vous l'avez dit, comment cela a-t-il pu aboutir au plus grand scandale financier de l'histoire du pays?"

"La plus grande faillite d'entreprise en Afrique du Sud, oui", a rectifié Markus Jooste, sûr de lui, "le mot de scandale n'est utilisé que par ceux qui font du sensationnalisme..."

Avec AFP

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