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Juliette Gréco, muse de l'existentialisme parisien


Juliette Greco dans une scène du film Les Racines du Ciel de John Huston en 1958, tourné en Afrique équatoriale française, aujourd'hui les pays du Gabon, du Tchad, du Congo et de la Centrafrique. (Photo AP)
Juliette Greco dans une scène du film Les Racines du Ciel de John Huston en 1958, tourné en Afrique équatoriale française, aujourd'hui les pays du Gabon, du Tchad, du Congo et de la Centrafrique. (Photo AP)

Morte mercredi à l'âge de 93 ans, cette icône de la chanson française qui côtoyait les intellectuels et les artistes parisiens dans l'effervescence de l'après-guerre, devint un symbole du quartier Saint-Germain-des-Prés, creuset de l'existentialisme.

"Je passe ma vie à essayer de justifier ça. Il n'y a pas de physique existentialiste... Simplement, je représentais dans l'après-guerre ce que la jeunesse avait décidé que j'étais: une image qui lui convenait".

Juliette Gréco, installée dans une pension de famille, sans le sous, à peine âgée de 20 ans, fréquentait Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Albert Camus.

Boris Vian, Roger Vadim étaient aussi ses amis. Bohêmes, ils discutaient des heures durant au "Bar Vert", puis dans la rue quand le café était fermé. Là, les habitants gênés par le bruit, n'hésitaient pas à leur jeter des brocs d'eau sale par la fenêtre.

C'est une de ces nuits que les jeunes artistes découvrirent un vieux bistrot, "Le Tabou", fréquenté par les rouleurs des messageries voisines, qui devint leur sanctuaire.

La description de la vie nocturne "des existentialistes pauvres", réfugiés dans la cave du Tabou, devenue la "bouche de l'enfer" sous la plume audacieuse d'Anne-Marie Cazalis, dans le journal "Samedi soir", fit le tour du monde. En Une, figurait la photo de Juliette Gréco et Roger Vadim. C'est ainsi, raconte la chanteuse, qu'elle devint "la muse de l'existentialisme".

Jean-Paul Sartre, le premier, lui composa une chanson "Les Blancs Manteaux", suivi par Raymond Queneau avec "Si tu t'imagines". "Je n'ai jamais cherché la rareté, je suis allée vers ce qui me plaisait", disait-elle des chansons écrites pour elle.

Gréco participe aux soirées du "Tabou", mais élargit son territoire à d'autres cabarets mythiques, "La Rose rouge" et "Le Boeuf sur le toit", où elle commence à chanter en 1949. C'est là qu'elle rencontre le trompettiste Miles Davis, dont elle tombe amoureuse.

Elle enrichit son répertoire en particulier avec des chansons de Jacques Prévert: "Je suis comme je suis", "Les feuilles mortes". "Je hais les dimanches", de Charles Aznavour, fut couronnée du grand prix de la SACEM en 1951. En 1954, elle donnait son premier récital à l'Olympia. La muse de l'existentialisme et de Saint-Germain des Près, était devenue une star.

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