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Jorge Mendes, au cœur de la galaxie du foot-business


Jorge Mendes, "super-agent" de footballeurs, à droite, et son joueur Cristiano Ronaldo à Londres, 9 novembre 2015.
Jorge Mendes, "super-agent" de footballeurs, à droite, et son joueur Cristiano Ronaldo à Londres, 9 novembre 2015.

L'histoire de Mendes était jusqu'ici celle d'un self-made man. Fils d'un ouvrier de l'industrie pétrochimique de la banlieue de Lisbonne, il a quitté la capitale portugaise à 19 ans pour s'installer dans la région de Viana do Castelo (nord-ouest), où il a vite montré ses talents pour les affaires.

Jorge Mendes, 51 ans, "super-agent" de footballeurs star comme Cristiano Ronaldo et mis en examen mardi à Madrid pour délit fiscal, est au coeur du scandale "Football Leaks" sur l'évasion fiscale dans la galaxie du ballon rond.

Surnommé "le requin" par ses concurrents, Mendes aimait jusqu'ici la discrétion. L'homme de petite taille aux costumes élégants se fait rare en interview.

Il n'apparaissait que furtivement dans les galas autour du foot, teint hâlé, sourire impeccable à la George Clooney, téléphone en main ou à l'oreille, toujours connecté avec la centaine de joueurs ou coachs dont il gère les intérêts.

Mais depuis la publication en décembre 2016 de l'enquête "Football Leaks" sur "les rouages du système de dissimulation fiscale mis en place" par des footballeurs de haut niveau, son nom et son visage font la Une.

Ce Portugais ancien patron de discothèque serait, selon les médias qui ont publié l'enquête, au coeur d'un système qui a permis à ses clients de "soustraire au moins 185 millions d'euros de revenus de sponsoring à la vue des administrations fiscales, via un réseau de sociétés écran et de comptes offshore en Irlande, aux Iles vierges britanniques, au Panama et en Suisse".

Mendes conteste vigoureusement ces accusations. Il l'a encore fait mardi, à travers sa société Gestifute, qui a assuré qu'il n'avait jamais "conseillé fiscalement les joueurs".

Mais ses méthodes ont toujours suscité des suspicions.

Il fut un des premiers à exploiter la propriété des joueurs par des tiers, comme les fonds d'investissements, pratique aujourd'hui interdite par la Fifa (fédération internationale de football).

L'Obs écrivait ainsi en 2013 qu'il avait créé une société, Quality Sports II Investments, basée dans le paradis fiscal de Jersey, qui promettait "à de riches investisseurs de miser gros sur des joueurs en devenir afin de percevoir d'éventuels bénéfices sur un transfert futur".

- Self-made man -

L'histoire de Mendes était jusqu'ici celle d'un self-made man. Fils d'un ouvrier de l'industrie pétrochimique de la banlieue de Lisbonne, il a quitté la capitale portugaise à 19 ans pour s'installer dans la région de Viana do Castelo (nord-ouest), où il a vite montré ses talents pour les affaires.

Le vidéo-club ouvert a prospéré et l'homme a rencontré son tout premier joueur, le gardien Nuno Espirito Santo, dans une discothèque qu'il gérait à l'époque. Mendes, lui même ancien footballeur semi-professionnel, commença dès lors à tisser des liens étroits avec les joueurs portugais et avec les recruteurs envoyés par des clubs étrangers.

"Après avoir construit de bons contacts, c'est évident que la priorité maintenant c'est de conserver les rapports de confiance avec les grands clubs européens", expliquait-il en 2011 à l'hebdomadaire Expresso.

"Il travaille beaucoup avec ses joueurs et s'occupe d'eux en permanence", notait pour sa part il y a quelques années Florentino Perez, le président du Real Madrid, où Mendes avait casé Ronaldo, en provenance de Manchester United, pour 94 M EUR.

"J'ai toute confiance en lui. C'est un grand-frère pour moi, un père dans le monde du football et le parrain de mon fils", affirmait aussi son compatriote Cristiano Ronaldo dans un documentaire sorti en mai 2012 à l'occasion des 15 ans de carrière du super-agent.

- En affaires avec Monaco -

C'est "un grand ami, plus qu'un agent. Nos carrières ont débuté au même moment et heureusement les choses se sont bien passées pour nous deux", soulignait de son côté l'entraîneur du Manchested United José Mourinho.

Interrogé sur ses méthodes de travail, Mendes avait confié un jour: "Je ne suis pas de ces agents qui courent après les joueurs en leur faisant des promesses. Parfois, leur situation est quasiment réglée et eux-mêmes n'en savent encore rien."

Aujourd'hui, la justice le soupçonne donc d'avoir aussi réglé leurs petites affaires fiscales, ce qu'il dément.

Mendes, "Mou" et CR7 sont tous deux visés par la justice espagnole pour des affaires de fraude fiscale présumée. Ronaldo est d'ailleurs aussi convoqué le 31 juillet en vue d'une mise en examen.

C'est dans le cadre d'une enquête sur un autre client de sa société Gestifute, Radamel Falcao, que Mendes a été entendu mardi.

Le Colombien qui joue à Monaco est soupçonné d'avoir dissimulé au fisc espagnol, quand il jouait à l'Atletico Madrid (2012-2013), quelque 5,66 millions d'euros de revenus.

Avec AFP

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