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John McCain torpille à nouveau l'abrogation de la loi d'Obama sur la santé


Le sénateur républicain américain John McCain, 19 septembre 2017.
Le sénateur républicain américain John McCain, 19 septembre 2017.

Le sénateur républicain américain John McCain a une nouvelle fois défié vendredi son parti et le président Donald Trump en annonçant son opposition à leur tentative de la dernière chance d'abroger la loi de Barack Obama sur la couverture maladie.

Il suffirait désormais de l'opposition d'un seul autre sénateur républicain pour signer l'échec de la majorité à réformer "Obamacare" avant la date-butoir du 30 septembre, fin de l'année budgétaire, une issue probable.

"Je vais être honnête, cela va être un peu plus difficile sans McCain", a reconnu Donald Trump lors d'un discours dans l'Alabama vendredi soir. "Mais nous reviendrons. Comme un boxeur, vous êtes au tapis et vous vous relevez", a-t-il ajouté.

La majorité du Sénat espérait voter la semaine prochaine sur une proposition de loi qui aurait, de facto, abrogé des pans entiers de la loi démocrate de 2010, avec à la clé une perte de couverture probable pour des millions d'Américains.

C'était la priorité de Donald Trump à son arrivée à la Maison Blanche. Les républicains dominant les deux chambres du Congrès, l'abrogation, cri de ralliement conservateur depuis sept ans, ne devait être qu'une formalité.

Mais c'était oublier qu'Obamacare s'est inscrite dans le paysage, malgré ses lacunes et son coût. Les Américains apprécient ses nombreux garde-fous empêchant les assureurs privés de discriminer parmi les patients, et le fait que le nombre de personnes non assurées est tombé à un niveau historiquement bas, environ 10% de la population adulte non âgée.

Trois républicains modérés ont donc torpillé une version précédente en juillet. Lors d'un vote à suspense, John McCain avait, d'un geste de la main, apporté un "non" décisif, après être revenu exprès d'Arizona, où il est soigné pour un cancer du cerveau.

Les rebelles semblaient sur le point de recommencer. Après le non de John McCain et celui du conservateur libertarien Rand Paul, il suffit d'un autre membre de la majorité pour couler le texte. Au moins deux modérées, Susan Collins et Lisa Murkowski, pourraient donner ce coup de grâce.

Il y a 52 républicains sur 100 au Sénat. Les 48 démocrates et apparentés sont opposés à toute abrogation. En cas de vote 50-50, le vice-président (républicain) peut apporter une 51e voix.

"Je ne peux en conscience voter pour la proposition Graham-Cassidy", a déclaré John McCain dans un communiqué contre la proposition de ses collègues républicains, Lindsey Graham et Bill Cassidy.

"J'estime que nous ferions mieux en travaillant ensemble, républicains et démocrates, alors que nous n'avons pas vraiment essayé", a-t-il ajouté, dénonçant une tentative partisane et précipitée, ayant contourné le processus habituel d'auditions et d'amendements.

- 'Pas facile' -

En l'attente de la réaction de Donald Trump, qui avait été ulcéré du camouflet venu de ses propres rangs en juillet, c'est son vice-président, Mike Pence, qui a assuré que l'objectif de la Maison Blanche restait inchangé.

"Ce ne sera pas facile", a-t-il dit vendredi. Mais, "le président Trump et moi ne sommes pas découragés", a-t-il ajouté.

Les démocrates, eux, ont exprimé leur soulagement.

"John McCain a fait preuve du même courage au Congrès que lorsqu'il était pilote", a salué Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate du Sénat.

Et l'animateur de télévision humoriste Jimmy Kimmel, qui avait lancé une campagne dans son émission contre le plan républicain, a félicité John McCain. Depuis la naissance de son fils en avril avec une malformation cardiaque, il milite pour que les Américains n'ayant pas ses moyens puissent bénéficier des mêmes soins et assurances abordables.

"Merci, sénateur McCain, d'être encore et encore et encore aujourd'hui un héros", a-t-il écrit sur Twitter.

La proposition de loi Graham-Cassidy aurait réduit progressivement le budget fédéral de la santé sur la décennie prochaine, et aurait permis aux Etats de s'affranchir des protections pour les patients inscrites dans la loi par Obamacare, notamment l'interdiction aux assureurs de faire payer plus cher les assurés en mauvaise santé, ce qui était possible avant Obamacare.

Pour les promoteurs de la réforme, il s'agissait de décentraliser la gestion du système de couverture santé pour en améliorer l'efficacité et en faire baisser les coûts.

Aucun chiffrage officiel n'était disponible vendredi, mais de nombreux experts et élus estiment que le plan républicain aurait conduit à une perte de couverture maladie pour plus de 30 millions d'Américains à l'horizon 2026.

Avec AFP

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