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L'Iran respecte l'accord nucléaire mais réagira en cas de violation


Le président iranien Hassan Rohani parle devant l'ONU, le 20 septembre 2017.
Le président iranien Hassan Rohani parle devant l'ONU, le 20 septembre 2017.

L'Iran respecte l'accord nucléaire de 2015 mais réagira avec "détermination" si ce texte vient à être dénoncé, a prévenu mercredi le président iranien Hassan Rohani devant l'ONU.

"Nous n'avons trompé personne, nous n'avons pas été malhonnêtes" dans l'application de l'accord, mais Téhéran "répliquera avec détermination" à toute violation du texte, a ajouté M. Rohani, alors que les Etats-Unis menacent de plus en plus de dénoncer l'accord.

"Il serait dommage que l'accord soit détruit par des nouveaux voyous en politique internationale", a estimé le président iranien, en visant implicitement Donald Trump.

"L'accord appartient à la communauté internationale et pas à un ou deux pays", a-t-il ajouté.

Le président américain pourrait, mi-octobre, ne pas certifier que l'Iran respecte ses obligations, ce qui ouvrirait la voie à une réinstallation de sanctions pourtant déjà levées dans le cadre de l'accord.

"En violant ses engagements internationaux, la nouvelle administration américaine détruit sa propre crédibilité et sape la confiance internationale à son égard", a lancé M. Rohani.

Le texte signé le 14 juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et six grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France, Allemagne) après une douzaine d'années d'âpres négociations, prévoit un caractère strictement civil pour le programme nucléaire iranien, en échange de la levée des sanctions.

L'Iran est un pays "qui prône la modération, le respect des droits de l'homme et un engagement constructif dans le monde", a également affirmé M. Rohani devant l'Assemblée générale de l'ONU, répliquant point par point au président américain Donald Trump qui l'avait accusé la veille d'être un "Etat voyou", une "dictature corrompue" semant "le chaos et la violence" dans la région.

Le discours du président Trump est une "rhétorique haineuse" qui "porte atteinte à la confiance internationale", a riposté M. Rohani.

50/50

Au coeur de la crise entre les deux pays, l'accord nucléaire iranien de 2015 signé entre Téhéran et les grandes puissances -dont les Etats-Unis-, que Donald Trump voue aux gémonies et menace de dénoncer dans les prochaines semaines.

Le président américain doit en effet "certifier" d'ici mi-octobre auprès du Congrès que Téhéran respecte bien ses engagements, censés garantir la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire. Une non certification ouvrirait la voie à une réimposition de sanctions déjà levées, ce qui équivaudrait selon certains diplomates européens à "une mort politique" de l'accord.

Le président Trump "n'a pas donné un signal clair qu'il prévoit de se retirer. Ce qui est clair, c'est qu'il n'est pas heureux avec cet accord", a déclaré mercredi l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley sur CBS.

Mais l'éventualité inquiète les autres signataires de l'accord, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne. "Nous exhortons sans cesse les Etats-Unis à ne pas le déchirer. Je dois dire que les chances sont peut-être de 50/50", a dit le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson au Guardian.

"Le JCPOA (acronyme de l'accord) est un résultat important du multilatéralisme. C'est un exemple de la façon de résoudre une crise internationale à travers la politique et la diplomatie", a insisté pour sa part à Pékin le porte-parole de la diplomatie chinoise Lu Kang.

La veille, le président français Emmanuel Macron avait vigoureusement défendu devant l'ONU le texte de 2015, le jugeant "utile, essentiel à la paix". Et malgré sa relation amicale avec le président américain, il a ensuite reconnu qu'il ne "comprenait pas" quelle alternative proposait Donald Trump.

Le bras de fer est au menu d'une réunion à New York des pays signataires du texte historique, qui donnera lieu à la première rencontre entre le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif depuis le changement d'administration américaine en janvier.

Les Etats-Unis ne resteront dans l'accord que si des "changements" sont "introduits", car le texte "doit vraiment être revisité", a prévenu mardi Rex Tillerson.

Un retour des sanctions, casus belli pour Téhéran, risque de faire voler en éclats un pacte bâti sur leur levée progressive en échange de l'engagement iranien de ne pas se doter de l'arme atomique.

Hormis le soutien d'Israël, les Etats-Unis sont isolés, d'autant que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier le respect des engagements des Iraniens, a sans cesse validé leur attitude depuis la conclusion de l'accord en juillet 2015.

L'Iran défend bec et ongles ce texte et refuse toute renégociation, soutenu en cela par les Européens et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

"L'accord n'appartient pas à un pays ou à un autre, il appartient à la communauté internationale", avait déclaré en début de semaine la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Pyongyang 'observe de près'

Pour tenter de le sauver, la France a mis sur la table la possibilité d'apporter un "complément" pour l'après-2025, date à laquelle tomberont certaines restrictions imposées par l'accord. Les Américains pensent en effet que "le défaut le plus flagrant" du texte est qu'il "ne fait que remettre le problème à plus tard", selon Rex Tillerson.

Les Européens essayent aussi de convaincre Washington de ne pas mélanger la politique nucléaire iranienne avec ses autres griefs à l'égard de l'Iran, comme son programme balistique et la "déstabilisation" de la région (en Syrie, au Liban, au Yémen).

Plusieurs diplomates s'inquiètent en outre des répercussions négatives d'une volte-face américaine sur l'Iran, alors que la communauté internationale espère encore faire revenir Pyongyang à la table des négociations.

Selon Stewart Patrick, chercheur au Council on Foreign Relations, "les Nord-Coréens observent de près comment est traité l'Iran", pour voir "quel serait leur propre sort s'ils devaient un jour accepter de renoncer à leurs armes nucléaires".

Behnam Ben Taleblu, du groupe de pression conservateur Foundation for Defense of Democracies, très critique envers l'accord iranien, pense au contraire qu'une "ligne dure contre Téhéran" renforcerait la "crédibilité des Etats-Unis" et les placerait en position de force lors d'éventuelles futures négociations avec la Corée du Nord.

Avec AFP

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