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Un chanteur contestataire détenu pour attroupement interdit en Guinée


Photo de profil Facebook du chanteur guinéen Elie Kamano.
Photo de profil Facebook du chanteur guinéen Elie Kamano.

Le chanteur de reggae guinéen Elie Kamano, arrêté lundi pour avoir participé à une manifestation non autorisée contre le président Alpha Condé à Conakry, a déclaré être toujours en garde à vue mardi.

Il a été arrêté à Matoto, en grande banlieue de Conakry, avec trois de ses camarades, alors qu'il avait appelé à une marche contre les appels à modifier la Constitution pour permettre à M. Condé de briguer un troisième mandat.

Les forces de l'ordre, déployées en nombre, ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule et arrêté les organisateurs, dont Elie Kamano, qui ont été interrogés pendant plusieurs heures par la police judiciaire.

Au terme de ces auditions, ils ont été placés en garde à vue et inculpés d'attroupement interdit sur la voie publique, a indiqué à l'AFP l'avocat du chanteur, Salifou Béavogui.

"On est encore en train de m'entendre sur cette affaire de marche pacifique contre un éventuel troisième mandat d'Alpha Condé", a déclaré M. Kamano, joint au téléphone mardi matin par l'AFP.

"Le peuple guinéen a trop souffert, et est en train de souffrir de ses deux mandats encore en cours, alors il est inutile de postuler pour un troisième, qui va faire éclater la Guinée", a-t-il affirmé.

Elie Kamano, très critique envers le président Condé, avait été arrêté en 2014 pour "offense au chef de l'Etat", puis de nouveau en février 2017, pendant une grève des enseignants, pour avoir menacé sur une radio locale d'appeler à manifester si les écoles n'étaient pas rouvertes.

M. Condé, réélu en 2015 pour un second mandat de cinq ans, a récemment mis en doute, en marge de réunions internationales, la pertinence de la limitation à deux mandats en Afrique, soulignant que cette exigence n'était la norme ni en Europe ni en Asie.

Des élections locales, les premières dans le pays depuis 2005, auraient dû se tenir en février, en vertu d'un accord conclu en octobre 2016 dans le cadre du dialogue politique national entre le pouvoir, l'opposition, la société civile et les partenaires internationaux de la Guinée.

Mais aucune date n'a encore été fixée pour ce scrutin et l'opposition appelle à une marche à Conakry le 2 août pour exiger le respect de ces accords.

Ancien opposant historique, Alpha Condé est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, régie jusqu'alors par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux.

Avec AFP

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