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Abdeslam sort du silence pour dédouaner un suspect


Salah Abdeslam
Salah Abdeslam

Muet depuis deux ans, Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015 en France, a rompu le silence, mais seulement pour dédouaner un suspect soupçonné de l'avoir aidé dans sa cavale.

Confronté vendredi à Ali Oulkadi, un proche de son frère Brahim mort en kamikaze dans les attaques du 13-Novembre, Salah Abdeslam, 28 ans, a affirmé n'avoir "jamais sollicité" l'aide de ce suspect.

Le suspect-clé des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, dans la banlieue nord, a en revanche exercé son droit au silence pendant le reste de la confrontation, qui a duré un peu plus d'une heure, dans le bureau d'un des six magistrats en charge du dossier.

Au lendemain des attentats, déposé à Bruxelles par deux amis, Mohamed Amri et Hamza Attou, Abdeslam avait rejoint Ali Oulkadi dans un café de la capitale belge.

Les enquêteurs considèrent que ce dernier ne pouvait ignorer la préparation des attaques, son ADN ayant été retrouvé dans l'un des appartements "conspiratifs" de la cellule franco-belge ayant servi à la confection des ceintures explosives des commandos, à Schaerbeek.

Lors de cette confrontation, Salah Abdeslam a affirmé qu'Ali Oulkadi n'était jamais entré dans cet appartement, d'après la source proche du dossier. Le 14 novembre 2015, "il ne pouvait pas savoir que j'étais l'ennemi numéro un", a-t-il ajouté, selon cette source.

L'avocate française d'Ali Oulkadi, Marie Dosé, a indiqué à l'AFP qu'elle allait "dans les meilleurs délais déposer une demande de remise en liberté pour (son) client". "Salah Abdeslam n'a parlé que pour une chose: innocenter Ali Oulkadi", a relevé de son côté l'avocat belge de ce dernier, Didier de Quévy.

Mais pour Me Samia Maktouf, avocate de parties civiles, on ne peut pas dire que Salah Abdeslam "coopère avec la justice (...) ses interventions étant toujours orientées pour cacher la vérité".

Arrêté le 18 mars dans la commune bruxelloise de Molenbeek après quatre mois de cavale, Salah Abdeslam avait minimisé son rôle devant les enquêteurs belges avant de se murer dans le silence: il avait jusqu'à présent refusé de parler aux juges français depuis son transfert en France et son inculpation, le 27 avril 2016, pour assassinats terroristes. En avril 2017, il avait ainsi écouté en silence les quelque 150 questions de Christophe Tessier.

Et, lors d'un procès en février à Bruxelles sur une fusillade en mars 2016 avec des policiers dans la capitale belge qui avait précipité la fin de sa cavale, il n'avait pris la parole que très brièvement, uniquement pour contester la légitimité du tribunal, affirmant "placer (sa) confiance en Allah et c'est tout". Il avait ensuite refuser de retourner au procès.

Des zones d'ombres entourent encore son rôle précis au sein de la cellule. Les investigations montrent qu'il a déposé ce soir-là les trois kamikazes du Stade de France, au nord de Paris, avant d'abandonner une ceinture explosive, laissant penser qu'il devait lui aussi mener une attaque suicide.

Proche du Belgo-Marocain Abdelhamid Abaaoud, coordinateur présumé des attentats, il a aussi eu un rôle important de logisticien, louant véhicules et planques en région parisienne, et est également soupçonné d'avoir convoyé à travers l'Europe, depuis la zone irako-syrienne, dix jihadistes pour la plupart impliqués dans les tueries de Paris et de Bruxelles du 22 mars 2016 (32 morts)

Avec AFP

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