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La croissance mondiale éclipsée par les tensions commerciales


La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde et le vice-Premier ministre chinois Li Keqiang, au Grand Palais du Peuple à Beijing, Chine, le 24 mars 2014.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde et le vice-Premier ministre chinois Li Keqiang, au Grand Palais du Peuple à Beijing, Chine, le 24 mars 2014.

La croissance mondiale s'essouffle sous l'effet notamment des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, a souligné la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) laissant entendre que l'institution pourrait abaisser ses prévisions la semaine prochaine.

Christine Lagarde note que la croissance mondiale demeure à son plus haut niveau depuis 2011 quand elle avait rebondi après la crise financière de 2008.

Mais "il y a des signes que la croissance mondiale a atteint un plateau. Celle-ci est devenue moins synchronisée avec moins de pays participant à cette expansion", a-t-elle expliqué dans un discours précédant les réunions annuelles du Fonds qui se dérouleront la semaine prochaine à Bali en Indonésie.

Certains risques "ont commencé à se matérialiser" allant de l'imposition des taxes douanières aux pressions sur les marchés financiers dans de nombreux pays émergents, note-t-elle.

En juillet, l'institution tablait sur une croissance mondiale de 3,9% pour cette année et l'an prochain.

Mais "les perspectives sont depuis devenues moins favorables, comme vous le verrez dans nos prévisions actualisées (qui seront publiées) la semaine prochaine", a-t-elle également déclaré.

Le "problème clé" est la matérialisation des menaces de mesures protectionnistes, estime la responsable de l'institution de Washington.

L'administration Trump a imposé cet été des taxes douanières sur 250 milliards de dollars d'importations venues de chine, en rétorsion à des pratiques commerciales jugées "déloyales".

Pékin a rétorqué en infligeant de son côté des tarifs douaniers sur 110 milliards d'importations de produits américains.

Les Etats-Unis, qui ont aussi mis en oeuvre des taxes sur l'acier et l'aluminium, s'efforcent d'obtenir une plus grande ouverture des marchés aux marchandises américaines.

"Cela affecte non seulement le commerce lui-même mais encore les investissements et l'industrie dans la mesure où l'incertitude est grandissante", a commenté Christine Lagarde dont le discours a été préparé avant l'annonce dimanche soir d'un nouvel accord entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

Christine Lagarde relève que pour l'heure, la guerre commerciale semble sans effet sur les Etats-Unis dont l'économie "croît fortement" dopée par un stimulus fiscal et financier.

Mais elle note qu'en Asie où la croissance se poursuit à des niveaux plus élevés que dans d'autres régions, il y a "des signes de modération" de l'expansion chinoise, "qui vont être exacerbés par le conflit commercial".

Dans le reste du monde, parmi les économies avancées, la croissance de la zone euro ralentit et "dans une certaine mesure, celle du Japon".

"Les pays doivent travailler ensemble pour construire un système de commerce mondial plus solide et plus équitable", préconise la dirigeante du FMI.

"Nous devons réparer le système, pas le détruire", a-t-elle ajouté alors que le président américain Donald Trump ne cesse de dénoncer les accords commerciaux et a menacé de retirer les Etats-Unis de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Le Canada et les Etats-Unis ont annoncé dimanche soir, une demi-heure seulement avant l'expiration de l'ultimatum fixé par Washington, "un accord de principe, de concert avec le Mexique" pour réformer le traité de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie 500 millions de Nord-Américains.

Le FMI s'inquiète par ailleurs de l'endettement toujours plus grand de l'économie mondiale.

Dix ans après la crise financière, l'économie est plus sûre qu'elle ne l'était mais "ce n'est pas suffisant", note-t-elle.

"Après une décennie de conditions financières relativement faciles, les niveaux d'endettement ont atteint des nouveaux records dans les pays avancés, émergents ainsi que dans les pays pauvres", a-t-elle insisté.

L'endettement mondial, à la fois public et privé, représente 182.000 milliards de dollars contre 164.000 milliards estimés en avril.

"C'est près de 60% plus élevé qu'en 2007", avant la récession mondiale, déplore-t-elle.

Cet endettement colossal résulte de la relance de l'économie après la crise quand les gouvernements ont renfloué certaines banques en difficultés et quand les banques centrales ont alimenté les marchés avec des taux d'intérêt extrêmement bas.

Il rend désormais les gouvernements et les entreprises plus vulnérables au durcissement des conditions financières.

"Les économies émergentes et en voie de développement en ressentent déjà l'effet", a également réagi Christine Lagarde, invitant ces pays à minimiser leurs risques en réduisant la dette des entreprises et à emprunter de manière plus durable.

Avec AFP

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