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La Chine prête à de nouvelles représailles sur des importations américaines


Le président américain Donald Trump avec son homologue chinois Xi Jinping à Mar-a-Lago, Palm Beach, Floride, 7 avril 2017.
Le président américain Donald Trump avec son homologue chinois Xi Jinping à Mar-a-Lago, Palm Beach, Floride, 7 avril 2017.

La Chine s'est dite prête vendredi à imposer de nouveaux droits de douane sur 60 milliards de dollars de biens américains, au risque d'une escalade du conflit commercial entre les deux superpuissances.

Preuve des tensions entre Pékin et Washington, le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a rapidement réagi à cette annonce, prévenant la Chine qu'elle "ne devrait pas sous-estimer la détermination du président (Donald) Trump d'aller encore plus loin" afin de "changer les pratiques commerciales" chinoises.

Selon le ministère chinois du Commerce, ces représailles potentielles sur quelque 60 milliards de dollars de biens américains sont déjà une réaction à la récente menace de la Maison Blanche de relever de 10% à 25% les tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine.

"La date d'application" de ces nouvelles surtaxes douanières par le géant asiatique "est suspendue aux actions des Etats-Unis", a précisé le ministère dans un communiqué.

Dans le détail, les surtaxes douanières élaborées par Pékin s'échelonnent entre 5% et 25%, et s'appliqueront à 5.207 types de produits américains, a précisé dans un communiqué distinct le ministère chinois des Finances.

Ces surtaxes visent notamment une large variété de produits agricoles, dont le boeuf, des textiles, des composants chimiques, des pièces aéronautiques, ou encore le gaz naturel liquéfié.

La Chine se réserve le droit d'adopter "d'autres contre-mesures", ajoute le ministère du Commerce, avant de marteler: "Toute menace ou tout chantage unilatéral ne feront qu'exacerber les différends et nuire aux intérêts de chaque partie".

Cette menace de représailles intervient alors que le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a exhorté les Etats-Unis à "garder la tête froide" et à négocier "sur un pied d'égalité".

>> Lire aussi : Les Etats-Unis accusent Pékin d'accroître son contrôle sur l'économie

De fait, le régime communiste ne ferme pas la porte à une reprise des pourparlers, mais seul "le dialogue, sur la base du respect mutuel, de l'égalité et des bénéfices communs, est une voie efficace pour résoudre nos différends commerciaux", soulignait le ministère du Commerce.

- 'Comportement préjudiciable'-

La Maison Blanche accuse la Chine de pratiques "déloyales" et de "vol de propriété intellectuelle", l'enjoignant de réduire de 200 milliards de dollars son excédent commercial annuel avec les Etats-Unis et d'ouvrir davantage son marché aux firmes américaines.

Depuis fin mars, Washington inflige déjà des tarifs douaniers supplémentaires de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium chinois.

Et le 6 juillet, des surtaxes douanières américaines sur 34 milliards de dollars d'importations de biens chinois ont été imposées. Pékin a aussitôt répliqué en taxant le même montant d'importations provenant des Etats-Unis.

Mais Washington a, une semaine plus tard, tiré une nouvelle salve en dressant une liste supplémentaire de produits chinois importés d'un montant de 200 milliards de dollars par an, qu'ils menacent de taxer dès septembre...

Ce répertoire hétéroclite comprenait poissons, pneus, articles en cuir, bois, papier ou composants chimiques.

Ce sont les tarifs douaniers sur ces produits que Washington envisage désormais de relever drastiquement, jusqu'à 25%, selon le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer.

Selon lui, il s'agit d'"une option supplémentaire pour encourager Pékin à changer sa politique et son comportement préjudiciables".

- 'Défendre sa dignité'-

Pour le régime communiste, la responsabilité de l'escalade est imputable aux Etats-Unis.

"C'est parce que les Américains n'ont eu de cesse d'aggraver toujours davantage la situation, au mépris des intérêts des entreprises et consommateurs des deux pays, que la Chine s'est vu forcée d'adopter des contre-mesures", soulignait vendredi le communiqué du ministère du Commerce.

Ces représailles étaient "nécessaires (...) pour défendre la dignité du pays et les intérêts de son peuple et préserver le libre-échange", ajoutait-il.

Pour autant, la stratégie du "dent pour dent" sur les droits de douane pourrait trouver ses limites, la Chine important presque quatre fois moins qu'elle n'exporte vers les Etats-Unis...

En revanche, le pays asiatique pourrait absorber plus facilement les contrecoups économiques, "en accroissant ses dépenses budgétaires et les prêts bancaires", estime Fred Bergsten, directeur du Peterson Institute for International Economics.

>>> Lire aussi: Le FMI estime qu'il n'y a "aucune preuve" que la Chine manipule sa monnaie

"Les Etats-Unis et la Chine ont des plans de secours dans des secteurs comme la technologie et l'agriculture, où ils pourraient importer des biens depuis des pays tiers", indique Ye Tan, une économiste indépendante, notant également l'atout pour les exportateurs chinois de la récente glissade du yuan.

Donald Trump avait d'ailleurs accusé récemment Pékin de "manipuler sa monnaie" à son avantage.

Mais ce repli rapide du yuan, au plus bas depuis plus d'un an face au dollar, est à double tranchant, susceptible aussi d'accélérer les fuites de capitaux hors de Chine et d'affoler le système financier local...

Signe de la grande prudence des autorités, la banque centrale chinoise (PBOC) a dévoilé vendredi des mesures réglementaires afin d'enrayer la baisse du yuan.

Avec AFP

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