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Deux ans et demi après le scandale, la FIFA en procès à New York


L'ancien président de la Fifa Sepp Blatter à Zurich, Suisse, le 1 juin 2011.
L'ancien président de la Fifa Sepp Blatter à Zurich, Suisse, le 1 juin 2011.

C'était le 27 mai 2015, tout le gratin de la FIFA était à Zurich (Suisse), prêt à réélire Sepp Blatter à la tête de la puissante fédération internationale de football, lorsque furent arrêtés à l'aube sept de ses dirigeants, accusés de corruption par la justice américaine.

Deux ans et demi après ce coup de filet spectaculaire, un procureur fédéral new-yorkais s'apprête à exposer lors d'un procès à Brooklyn, à l'aide de milliers de documents et de nombreux témoins, "l'une des enquêtes financières internationales les plus complexes jamais menées", selon le fisc américain.

Il espère démontrer comment la corruption a gangréné pendant près d'un quart de siècle la haute hiérarchie du football mondial, censée promouvoir le sport le plus populaire du monde.

Entreprises écrans, comptes cachés à l'étranger, enveloppes de cash, villas luxueuses et oeuvres d'art, cette corruption se chiffrait en centaines de millions de dollars de pots-de-vin et de rétrocommissions, devenus incontournables pour organiser de multiples tournois internationaux et attribuer les juteux contrats de marketing et de droits télévisés les accompagnant.

Si le volet judiciaire américain vise essentiellement des responsables nord- et sud-américains, plusieurs hauts dirigeants européens, dont M. Blatter et son ex-bras droit français Jérôme Valcke, sont eux dans le collimateur des justices française et suisse.

Et malgré une direction presque entièrement renouvelée et l'adoption de nouveaux garde-fous, le monde du football peine à s'extirper du scandale, comme en témoignent les récentes auditions par la justice suisse de Nasser Al-Khelaïfi, président qatari de beIN Média et du club parisien PSG.

Chuck Blazer, première clé du scandale

L'enquête américaine a démarré en 2011 avec l'arrestation par le fisc américain de Chuck Blazer, ex-membre du comité exécutif de la FIFA qui fut pendant 21 ans secrétaire général de la confédération Concacaf, regroupant les fédérations d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes.

Décédé d'un cancer en juillet, ce New-Yorkais qui vivait en pacha dans son appartement de la Trump Tower à Manhattan avait accepté de devenir un informateur de la police fédérale (FBI) et d'enregistrer ses pairs de la FIFA.

Il apporta aux enquêteurs les preuves les plus tangibles d'une corruption endémique parmi les grands barons du football, souvent vénérés dans des pays où ce sport est roi.

Au total, 42 individus et deux sociétés de marketing sportif ont été mis en cause par la justice américaine.

Mais trois seulement, tous des Sud-Américains, seront sur le banc des accusés lundi lorsque commencera la sélection des jurés de ce procès censé durer plusieurs semaines.

Il s'agit de l'ex-président de la grande fédération brésilienne José Maria Marin --à 85 ans, il est l'un des accusés les plus âgés--, de Juan Angel Napout, ex-président de la fédération paraguayenne et de la confédération sud-américaine Conmebol, et de Manuel Burga, qui dirigea la fédération péruvienne de 2002 à 2014 et fut membre du comité de développement de la FIFA.

Leurs avocats se sont refusés à tout commentaire avant le procès. Les chefs d'inculpation de corruption et fraude qui les visent sont passibles, chacun, de peine allant jusqu'à 20 ans de prison.

Jack Warner, grand absent

Mais plusieurs puissants protagonistes de ce scandale resteront invisibles, comme Jack Warner, l'ex-patron de la Concacaf, débarqué dès 2011 pour des soupçons de corruption et inculpé par la justice américaine en mai 2015.

Originaire de Trinité-et-Tobago où il est revenu après sa radiation à vie de la FIFA, ce septuagénaire considéré comme un héros dans son pays, qui fut ministre et parlementaire, combat depuis son extradition vers les Etats-Unis.

Interrogé récemment par l'AFP à Trinidad, il a fait un pied-de-nez à ses accusateurs.

"La FIFA me doit de l'argent", a-t-il affirmé. "Je viens juste d'entamer les démarches pour récupérer ce qui m'est dû, car si Blatter et les autres récupèrent le leur, pourquoi pas moi?".

Cependant rares sont ceux qui font dans la bravade.

Jeffrey Webb, qui succéda à Warner à la Concacaf et que beaucoup voyaient comme un Monsieur Propre avant son inculpation pour avoir empoché plusieurs millions de dollars de pots-de-vin, est une autre figure centrale du scandale.

Mais comme vingt-trois autres inculpés, il a déjà plaidé coupable pour éviter un procès. L'accusation n'a pas voulu dire s'il serait appelé comme témoin.

A ce jour, deux condamnations seulement ont été prononcées, pour des protagonistes relativement mineurs de ce dossier: un adjoint de Webb, Costas Takkas, vient d'entrer en prison pour trois mois tandis que l'ex-président de la fédération guatémaltèque, Hector Trujillo, écopait de huit mois.

Aussi mineur que soit Trujillo, il a "trahi la confiance" de ses concitoyens et leur "amour pour le football", estimait récemment Pamela Chen, la juge en charge de tout le dossier.

Avec AFP

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