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RDC

Les tueries en Ituri pourraient "constituer des crimes relevant de la CPI"


La procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda.
La procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda.

Les tueries de civils en Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo "pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale", a prévenu jeudi la procureure de la CPI Fatou Bensouda.

"Une mission de mon Bureau sera déployée en RDC dès que les conditions liées à la crise sanitaire de la COVID-19 le permettront", a ajouté Mme Bensouda dans une déclaration publiée au lendemain du nouveau massacre d'au moins 16 civils.

Début janvier, un rapport des Nations unies indiquait que 701 personnes ont été massacrées en Ituri depuis décembre 2017.

"Les crimes contre l'humanité sont confirmés", avait souligné la Haute commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, Michelle Bachelet, à l'issue d'une visite en Ituri fin janvier.

Depuis, plusieurs centaines de personnes ont encore été massacrées, principalement dans les territoires de Djugu et Mahagi au nord du chef-lieu provincial Bunia.

Les tueries sont attribuées à des éléments armés d'une secte ethnico-mystique, la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco).

La Codeco prétend défendre les intérêts et les terres d'une des communautés de l'Ituri, les Lendu, principalement agriculteurs.

De l'avis même des Nations unies, les victimes sont principalement des membres d'une autre communauté, les Hema, éleveurs et commerçants.

Les attaques contre les civils "se sont intensifiées ces derniers mois sur plusieurs territoires de l’Ituri", d'après la procureure de la CPI.

Mme Bensouda fait aussi état des "attaques répétées contre des camps de personnes déplacées internes et des communautés ciblées".

Le bureau de la procureure "continue de surveiller avec une extrême vigilance la situation sur toute l'étendue du territoire congolais, y compris celle qui prévaut actuellement dans les territoires de l’Ituri".

La procureure de la CPI "encourage" les autorités congolaises à "intensifier leurs efforts pour que des enquêtes véritables soient menées".

Mme Bensouda "encourage également les autorités congolaises, avec l’appui de leurs partenaires, à poursuivre résolument leurs efforts en vue de protéger et de sécuriser les populations civiles et leurs biens".

L'armée congolaise affirme régulièrement mener des opérations contre la Codeco, dont elle a affirmé fin mars avoir éliminé le chef Justin Ngudjolo.

Des Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) patrouillent la journée sur l'axe Bunia-Djugu. Les crimes ont souvent lieu à l'écart de la RN27, dans des zones isolées, la nuit.

Les tueries interviennent à 2.000 km de Kinshasa, où des députés de l'Est de la RDC tentent ces jours-ci d'interpeller le gouvernement sur l'insécurité dans leurs régions, en Ituri mais aussi dans le Nord-Kivu voisin.

Un conflit entre milices lendu et hema avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu'à l'intervention d'une force européenne Artémis sous commandement français.

Un chef de guerre, Thomas Lubanga, avait été à cette occasion le premier condamné dans l'histoire de la CPI depuis l'adoption du statut de Rome en 1998. Il a été récemment libéré après 15 ans de prison.

Les violences ont repris pour des raisons obscures (vol de bétails...) en décembre 2017, avec des différences notoires par rapport au conflit de 1999-2003.

Les victimes, à commencer par les hema, n'ont pas reconstitué de milices, s'en remettant à l'autorité - parfois défaillante de l'avis des experts - de l'Etat congolais.

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