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La Catalogne au ralenti, sous la pression d'indépendantistes


Manifestants brandissant des banderoles sur lesquelles on peut lire "Les prisonniers politiques de la liberté, nous sommes la République", rassemblés sur la place Sant Jaume lors d'une manifestation lors d'une grève régionale partielle à Barcelone, en Espagne, le 8 novembre 2017.
Manifestants brandissant des banderoles sur lesquelles on peut lire "Les prisonniers politiques de la liberté, nous sommes la République", rassemblés sur la place Sant Jaume lors d'une manifestation lors d'une grève régionale partielle à Barcelone, en Espagne, le 8 novembre 2017.

Des grévistes bloquant routes, gares et sites touristiques provoquaient mercredi des tensions en Catalogne, tandis que son président destitué Carles Puigdemont, installé à Bruxelles, mettait dans l'embarras le gouvernement belge de Charles Michel.

"Liberté ! Liberté !", scandaient des séparatistes qui bloquaient des voies en gare de Gérone, réclamant la libération de dirigeants séparatistes détenus. Un TGV vers la France a dû faire demi-tour à cause de la grève soutenue par des associations et un syndicat indépendantiste.

À la mi-journée, des dizaines de grévistes campaient devant la Sagrada Familia, emblématique cathédrale de Barcelone, fermée aux visiteurs, a constaté un journaliste de l'AFP.

Plus tôt, des routes avaient été bloquées, occasionnant par endroits des scènes de tension.

Les deux principaux syndicats espagnols, CCOO et UGT, ne soutenaient toutefois pas le mouvement, qui semblait moins suivi que la dernière grève générale dans la région, le 3 octobre.

"L'ambiance est très tranquille", assurait à l'AFP Conchita Cosialls, une retraitée chargée de garder sa petite-fille de sept ans, Adriana, dont l'école était fermée pour cause de grève.

La participation à la grève était "minimale", sauf dans l'enseignement - où elle était suivie par quelque 30% des enseignants - , et la majorité des routes avaient été débloquées à la mi-journée, a déclaré un porte-parole du ministère de l'Intérieur.

"Aujourd'hui, des millions de Catalans subissent un chantage", a lancé Albert Rivera, chef de file du parti Ciudadanos, principal mouvement d'opposition aux séparatistes, devant les députés à Madrid.

Le chef du gouvernement Mariano Rajoy a lui évoqué le risque d'"appauvrissement" de la région.

Plus de 2.000 entreprises ont déplacé leur siège social hors de Catalogne en un mois et le tourisme y montre d'importants signes de ralentissement.

Mercredi, la Cour constitutionnelle a annulé la déclaration unilatérale d'indépendance votée le 27 octobre par le parlement catalan sur la base des résultats d'un référendum d'autodétermination organisé le 1er octobre par les séparatistes malgré son interdiction.

Selon les chiffres -invérifiables- du gouvernement régional de Carles Puigdemont, le oui à l'indépendance l'a emporté à 90% avec 43% de participation.

Le gouvernement central a réagi en mettant la région sous tutelle, convoquant des élections régionales le 21 décembre et destituant le gouvernement de Carles Puigdemont, un "coup d'Etat" selon ce dernier.

Controverse en Belgique

Le dirigeant indépendantiste, poursuivi par la justice espagnole pour rébellion et sédition, a fui en Belgique où la justice examine un mandat d'arrêt européen à la demande de l'Espagne.

Quatre membres de son gouvernement destitué l'ont accompagné dans son "exil" belge, tandis que huit autres ont choisi de répondre à une convocation judiciaire et ont été placés en détention provisoire près de Madrid, après leur inculpation.

Les grévistes réclament leur libération, estimant que ce sont des "prisonniers politiques". A Barcelone, une manifestation devant la Generalitat, le siège du gouvernement de la région, a réuni quelque 8.000 personnes, selon la police municipale.

En Belgique, le sort de Carles Puigdemont a suscité l'embarras du gouvernement de Charles Michel dont font partie des nationalistes flamands, sensibles aux arguments des indépendantistes catalans.

"La crise se situe en Espagne et pas en Belgique", a répondu le Premier ministre aux députés.

Il a cependant réaffirmé que le gouvernement espagnol était son seul interlocuteur. Mariano Rajoy l'en a publiquement remercié sur Twitter, assurant partager avec lui le "respect pour l'État de droit et donc pour l'indépendance des juges belges et espagnols".

Pas de front indépendantiste

En Catalogne, les partis se mettent aussi en ordre de marche en vue des élections régionales.

Mardi soir, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), l'un des trois partis indépendantistes avec le PdeCAT (conservateur) de M. Puigdemont et la Candidature d'unité populaire (CUP) d'extrême gauche, a cependant écarté l'option, réclamée par Carles Puigdemont, d'un front commun indépendantiste.

Lors des dernières élections régionales en septembre 2015, ces trois partis avaient obtenu au total la majorité en sièges mais pas en voix, avec 47,8% des suffrages mais 72 sièges sur 135 au parlement régional.

Les opposants aux indépendantistes espèrent que le ras-le-bol d'une partie de la société catalane, profondément divisée sur la question de l'indépendance, leur sera favorable.

"J'espère que [les élections] marqueront le début d'une nouvelle étape", a déclaré Mariano Rajoy.

Mais si les Catalans donnent à nouveau une majorité aux séparatistes, "accepterez-vous le résultat du vote des Catalans ?", a demandé mardi M. Puigdemont aux dirigeants de l'Union européenne.

Les sondages prédisent pour l'instant un résultat très serré.

Avec AFP

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