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Agenda chargé pour l'UA, de Ramaphosa à Tshisekedi


Le président sud-africain Cyril Ramaphosa visite les installations de traitement des maladies à coronavirus (COVID-19) à Johannesburg.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa visite les installations de traitement des maladies à coronavirus (COVID-19) à Johannesburg.

Le président sud-africain Cyril Ramahosa et ses pairs africains se réunissent virtuellement pour tenter de relever les plus grands défis auxquels le continent fait face, avant que la présidence tournante de l'Union africaine ne passe à Felix Tshisekedi de la République démocratique du Congo.

Vaccins et stratégies sanitaires contre la pandémie de Covid-19 seront au cœur du sommet annuel de l'Union africaine (UA), qui se tient exceptionnellement en visioconférence samedi et dimanche et doit également aborder plusieurs conflits relégués au second plan par le virus.

L'Afrique a pour l'instant été relativement épargnée par le nouveau coronavirus, avec 3,5% des cas et 4% des morts officiellement recensés dans le monde, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l'UA (Africa CDC).

Mais de nombreux pays sont actuellement confrontés à une seconde vague préoccupante et ont du mal à accéder aux vaccins.

Virtuel pour éviter toute contamination, le sommet doit démarrer samedi par une intervention du président sud-africain Cyril Ramaphosa sur les efforts actuels du continent face à la pandémie. Fin janvier à Davos (Suisse), le président sortant de l'UA avait fustigé les pays riches qui "accaparent" les vaccins contre le coronavirus.

Le dirigeant a passé l'année 2020 à coordonner les efforts africains pour augmenter le nombre de tests et sécuriser l'approvisionnement vaccinal, pendant que son pays devenait officiellement le principal foyer de l'épidémie sur le continent, l'Afrique du Sud comptant pour 40% (1,5 million) des cas africains de Covid-19 détectés.

Moussa Faki Mahamat (à gauche), président de la Commission de l'Union africaine, avec le président de la RDC, Félix Tshisekedi, au Palais à Kinshasa, le 3 décembre 2020.
Moussa Faki Mahamat (à gauche), président de la Commission de l'Union africaine, avec le président de la RDC, Félix Tshisekedi, au Palais à Kinshasa, le 3 décembre 2020.

Si Johannesburg a reçu lundi sa première cargaison très attendue de vaccins d'AstraZeneca et espère vacciner d'ici la fin de l'année au moins 67% des Sud-Africains, les perspectives pour l'ensemble du continent sont bien plus modestes. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'attend à un taux de vaccination de 30% en Afrique en 2021, malgré le dispositif Covax qu'elle pilote pour un accès équitable aux vaccins.

A raison de deux doses par personne, l'Afrique aura besoin d'1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de ses environ 1,3 milliard d'habitants et espérer une immunité collective. Les leaders africains s'élèvent donc contre l'actuelle course aux vaccins, qui les désavantage.

Dans une récente interview, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a dénoncé le "nationalisme vaccinal" et les "pays riches qui s'arrogent la priorité, certains pré-commandant même plus que ce dont ils ont besoin".

Crises sécuritaires

L'épidémie n'éclipse pas pour autant les questions sécuritaires agitant le continent: le conflit au Tigré secoue depuis trois mois l'Ethiopie, qui abrite le siège de l'UA, et le Sahel continue de s'enliser dans les crises.

"Nous espérons que le sommet sera une opportunité pour les leaders africains de se reconcentrer sur un certain nombre de conflits et de crises qui ont été négligés, à cause de la priorité logique accordée au Covid l'année dernière", résume la chercheuse de l'International Crisis Group (ICG) Imogen Hooper.

Face à ce double enjeu sanitaire et sécuritaire, les élections internes de l'UA s'annoncent déterminantes. M. Faki, ancien Premier ministre du Tchad, est seul candidat à sa succession à la tête de la Commission, l'organe exécutif de l'Union.

Il devra toutefois réunir deux tiers des suffrages et surmonter les accusations, qu'il rejette, "d'une culture de harcèlement sexuel, de corruption et d'intimidation au sein de la commission", estime l'ICG dans une récente note de synthèse.

De son côté, le Nigérian Bankole Adeoye est perçu comme le favori pour prendre la tête d'une super commission regroupant Affaires politiques et département Paix et sécurité.

M. Faki a récemment souligné les efforts de prévention des conflits pendant son premier mandat de quatre ans, se disant "heureux de constater qu'aujourd'hui, il n'y a pas de guerre entre États africains".

Mais les crises internes demeurent nombreuses en Afrique. Le Conseil de Paix et de Sécurité n'a, par exemple, quasiment pas abordé le conflit entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones, ou l'essor inquiétant des islamistes radicaux dans le nord du Mozambique.

En Ethiopie, M. Faki avait appelé à la cessation des hostilités entre le gouvernement d'Addis Abeba et les autorités dissidentes de la région septentrionale du Tigré, peu après le déclenchement des combats début novembre.

Mais le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la Paix 2019 Abiy Ahmed a refusé toute médiation de l'UA dans une opération "de maintien de l'ordre" relevant de la souveraineté du pays.

De quoi illustrer la difficulté pour l'UA de peser sur le cours de certaines crises, reprend Mme Hooper, de l'ICG : "A chaque fois qu'un État membre a insisté sur le fait qu'un conflit est interne, l'UA a eu beaucoup de difficultés à s'impliquer".

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