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Enquête sur les abus subis par des enfants "émigrés" dans le Commonwealth


Comment le Royaume-Uni a-t-il pu envoyer pendant des décennies des milliers d'enfants pauvres vers des pays du Commonwealth, où nombre d'entre eux ont subi violences sexuelles? Une enquête publique s'est ouverte à Londres pour faire la lumière sur ce scandale.

Le Programme des enfants émigrés, en vigueur des années 1920 aux années 1970, visait à offrir une "vie meilleure" à ces enfants placés dans des institutions publiques ou religieuses car soit orphelins soit issus de famille très modestes.

Environ 150.000 d'entre eux, âgés de 3 à 14 ans, ont été mis sur des bateaux vers l'Australie principalement mais aussi le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du sud et le Zimbabwe, souvent sans le consentement de leurs familles.

L'idée était de leur offrir de meilleures perspectives d'avenir mais aussi de soulager des institutions britanniques surchargées et de contribuer à peupler ces territoires d'outre-mer.

Mais le rêve s'est transformé en cauchemar pour nombre d'entre eux, confrontés au travail forcé, aux coups et aux agressions sexuelles avec aucun recours possible.

L'objectif de l'enquête publique, qui verra témoigner certaines des victimes, est de lever le voile sur l'ampleur des abus commis. Elle doit aussi déterminer dans quel mesure le gouvernement britannique avait connaissance des méfaits alors que, selon la BBC, un rapport critiquait dès le milieu des années 1950 les soins offerts par certaines des institutions australiennes concernées et appelait à ne plus y envoyer d'enfants.

Selon un rapport parlementaire de 1998, les abus subis par les enfants envoyés en Australie étaient systématiques. Douze ans plus tard, le Premier ministre travailliste Gordon Brown avait présenté ses excuses pour ce programme.

"A tous les anciens enfants émigrés et à leurs familles, (...) je dis aujourd'hui que nous sommes vraiment désolés. On les a laissés tomber", avait déclaré M. Brown devant la chambre des Communes, reconnaissant "le coût humain associé à cet épisode honteux de l'histoire" et "la défaillance du premier devoir d'une nation: protéger ses enfants".

Margaret Humphreys, une travailleuse sociale de Nottingham (centre de l'Angleterre), avait découvert l'ampleur des abus subis en travaillant à partir des années 1980 à réunir ces enfants devenus adultes avec des parents dont on leur avait raconté qu'ils étaient morts.

"Nous voulons savoir ce qui s'est passé, nous voulons savoir qui a agi et (...) qui a couvert ces agissements si longtemps", a-t-elle déclaré à la BBC à la veille de cette enquête, qui devrait durer cinq ans.

Au Royaume-Uni, le rôle d'une enquête publique est d'établir des faits, mais pas de prononcer des condamnations.

Avec AFP

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