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En froid avec les Américains, le président palestinien cherche l'appui des Européens


 Mahmoud Abbas, Ramallah, Cisjordanie, le 28 juillet 2013.
Mahmoud Abbas, Ramallah, Cisjordanie, le 28 juillet 2013.

Lors de sa visite, M. Abbas va demander à Bruxelles de "reconnaître l'Etat de Palestine" en réponse à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, a affirmé dimanche à l'AFP le ministre palestinien des Affaires étrangères Ryad al-Malki.

Le président de l'Autorité palestinienne (AP) sera reçu à la mi-journée par la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, et les 28 ministres des Affaires étrangères, en marge de leur réunion mensuelle, comme l'avait été le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 11 décembre.

Sa venue à Bruxelles coïncide avec une tournée sous tension du vice-président américain Mike Pence au Proche-Orient (Egypte, en Jordanie et en Israël), boycottée par les dirigeants palestiniens.

"La coïncidence est significative. Elle donnera une image d'équilibre entre l'Union européenne et les Etats-Unis dans la région: Abou Mazen (nom de guerre d' Abbas) avec les Européens et Pence avec les Israéliens", oberve le politologue palestinien Jihad Harb. "C'est important pour l'image d'Abou Mazen", menacé d'isolement au faîte de sa carrière politique (82 ans).

Accord d'association ?

Ripostant à la décision unilatérale du chef de la Maison blanche sur Jérusalem, la direction palestinienne rejette désormais tout "monopole américain" sur le processus de paix. Même si Mahmoud Abbas "reste engagé" dans ce processus, a souligné le chef de la diplomatie palestinienne.

"Les Palestiniens cherchent à se désengager d'un processus dirigé par les Etats-Unis en faveur d'un processus multilatéral. Et il semble y avoir davantage de volonté de la part de l'UE de considérer un tel processus", estime Hugh Lovatt, analyste du Conseil européen pour les relations extérieures (ECFR).

Mais si l'UE veut contribuer à relancer les négociations de paix, au point mort depuis 2014, pour sauvegarder la "solution à deux Etats", il est clair que la reconnaissance d'un Etat palestinien, qui dépend de chaque capitale, n'est pas aujourd'hui sur la table.

Tout au plus, selon des sources diplomatiques, les Européens pourraient proposer la perspective d'un "accord d'association" entre l'UE et l'AP, comme il en existe un avec Israël ou le Kosovo. Un tel agrément doit toutefois être signé avec un Etat souverain.

La France, notamment, est ouverte à l'idée. "Il faut donner quelque chose aux Palestiniens", plaident certaines sources européennes, afin d'éviter que M. Abbas "ne claque la porte aux Américains".

'Etape préliminaire'

Car malgré le rappel constant des "positions inchangées" de l'UE --sur la solution à deux Etats dans les frontières de 1967, la colonisation israélienne ou le statut de Jérusalem--, les 28 ne peuvent masquer des "divergences de vue et des différences d'approche", reconnaît-on à Bruxelles.

"Nous n'en sommes qu'à une étape très préliminaire", prévient un haut responsable européen à propos d'un accord d'association.

De toute façon, ce type d'accord ne saurait "remplacer" une reconnaissance en bonne et due forme de la Palestine, a répondu dimanche M. Malki.

Si le conflit israélo-palestinien est le plat de résistance de la réunion ministérielle, les discussions porteront aussi sur deux autres préoccupations régionales: la Libye, où l'UE s'applique à soutenir les efforts de l'ONU pour aider des migrants retenus dans des centres de détention à retourner dans leur pays d'origine, et l'Iran, après la remise en cause par Donald Trump de l'accord nucléaire.

Les trois pays européens signataires de l'accord (France, Royaume-Uni et Allemagne) et Mme Mogherini n'ont pas révélé comment elles comptaient répondre à l'ultimatum du président américain, qui réclame d'ici le 12 mai un accord de suivi pour pérenniser certaines clauses du pacte nucléaire, mais veut aussi interdire à Téhéran de développer des missiles balistiques.

"Cet ultimatum nous a pris par surprise", reconnaît un diplomate européen. Des consultations ont commencé pour tenter de "trouver la formule magique" qui permettrait de "garder Trump à bord", explique-t-il, "mais il n'y a encore rien de formalisé".

Les 28 devraient également adopter lundi des sanctions contre 17 Nord-Coréens impliqués dans les tests nucléaires et de missiles de Pyongyang. Ils seront inscrits sur la "liste noire" de l'UE, ce qui entraîne un gel de leurs avoirs et leur interdit l'accès au territoire de l'Union.

Avec AFP

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