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En Chine, clap de fin pour les entreprises nord-coréennes


L'entrée d'un restaurant nord-coréen à Shenyang, Chine, le 7 janvier 2018.
L'entrée d'un restaurant nord-coréen à Shenyang, Chine, le 7 janvier 2018.

C'est la fin de l'ultimatum lancé aux entreprises nord-coréennes en Chine: toutes devaient fermer d'ici mardi, en vertu des sanctions de l'ONU visant à priver Pyongyang de précieuses devises pour son programme nucléaire, mais certaines restaient ouvertes.

Lassé des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques de Kim Jong-Un, Pékin a soutenu une série de résolutions onusiennes contre son voisin, dont le commerce extérieur dépend à 90% de la Chine.

En vertu de ces sanctions, les entités nord-coréennes présentes en Chine devaient fermer au plus tard le 9 janvier.

Un hôtel nord-coréen de la ville chinoise de Shenyang (nord-est) ne prenait ainsi plus de réservations mardi. Et un restaurant de Pékin avait sur sa vitrine un message manuscrit indiquant "fermé aujourd'hui".

Mais dans le nord-est de la Chine, coeur des activités économiques nord-coréennes dans le pays, au moins une agence de voyages et un stand de fruits de mer restaient ouverts envers et contre tout.

"Le tourisme permet de développer les contacts entre les gens", fait valoir Kim Yong-Il, un Nord-Coréen travaillant dans la ville frontalière de Dandong pour l'Agence de voyage internationale de la Corée du Nord. Celle-ci n'a pas reçu d'ordre de fermer, assure-t-il.

"Empêcher les gens de visiter librement la Corée du Nord, c'est leur refuser un droit de l'homme", tempête-t-il.

'Avec sévérité'

En face du bâtiment des Douanes chinoises, une Nord-Coréenne tient un petit commerce de poissons et de concombres de mer nord-coréens.

Elle n'explique pas comment elle s'est procuré ces produits, en théorie interdits d'importation de Corée du Nord depuis août.

Le ministère chinois du Commerce avait donné aux entreprises nord-coréennes un délai de 120 jours pour fermer, à compter de l'adoption de la résolution de l'ONU le 11 septembre.

Et un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a assuré lundi que la Chine punirait "avec sévérité" quiconque contrevient aux sanctions.

L'hôtel Chilbosan et ses 14 étages, situés au coeur de la ville de Shenyang, constitue une importante source de revenus pour Pyongyang.

Mais une réceptionniste a assuré mardi par téléphone ne plus prendre de réservations pour ses 154 chambres.

La veille, des Nord-Coréens y prenaient encore leur petit-déjeuner, et les clients pouvaient regarder dans leur chambre la télévision publique nord-coréenne, avait constaté l'AFP.

"L'hôtel Chilbosan est le plus gros investissement de la Corée du Nord en Chine et à l'étranger", assure Lu Chao, chercheur à l'Académie des sciences sociales de la province du Liaoning (nord-est), un centre de réflexion gouvernemental.

"Ils ont investi 25 à 30 millions de dollars" (21 à 25 millions d'euros), assure-t-il.

Un policier veille

Pyongyang co-gère l'hôtel avec un partenaire chinois: Dandong Hongxiang Industrial Machinery. Selon les Etats-Unis, cette entreprise représentait jadis environ 20% du commerce sino-nord-coréen.

A Dandong, le groupe Hongxiang possède un restaurant avec une entité nord-coréenne. L'établissement est lui-aussi désormais clos.

"Nous sommes fermés pour rénovation", assure à l'AFP un homme à l'intérieur du local. A côté, l'agence de voyages du groupe chinois, qui propose des excursions en Corée du Nord, a mis la clé sous la porte.

Ailleurs à Dandong, un autre restaurant nord-coréen, le Koryo, est fermé et son enseigne décrochée. Un policier garde les lieux.

Mais dans la même rue, des serveuses apportent toujours bières et fruits de mer aux clients du "Jardin de Songtao". L'entreprise nord-coréenne qui gère ce restaurant avait transféré ses parts à son partenaire chinois en novembre.

La Corée du Nord possède quelque 100 restaurants dans toute la Chine, qui rapportent environ 10 millions de dollars (8 millions d'euros) annuels, selon Chung Young-June, de l'Université Yonsei, en Corée du Sud.

"Ils fournissent des fonds privés (au leader nord-coréen) Kim Jong-un", déclare M. Chung. La fermeture des restaurants aura donc un fort "impact négatif sur les dirigeants nord-coréens", prédit-il.

Avec AFP

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