Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

"Don de Dieu", Elvis reste immortel pour ses fans


Elvis Presley avec son amie Yvonne Lime, Graceland, Memphis, Tennessee vers 1957.
Elvis Presley avec son amie Yvonne Lime, Graceland, Memphis, Tennessee vers 1957.

Chaque jour, des centaines de personnes s'attardent, silencieuses, le coeur gros et les yeux parfois humides, pour déposer un ours en peluche, un message ou un bibelot sur la tombe d'Elvis Presley dans le jardin de sa célèbre maison Graceland à Memphis.

Plus de 600.000 visiteurs viennent chaque année rendre hommage à cette icône de la culture populaire, ancien sex-symbol sulfureux devenu artiste tout public. John Lennon avait affirmé qu'"avant Elvis, il n'y avait rien".

Quarante années après son décès, à l'âge de 42 ans, hommages et fleurs affluent toujours du monde entier pour décorer le Jardin de la méditation où le "King" repose.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes devaient participer mardi à la veillée aux chandelles marquant l'anniversaire de sa mort, le 16 août 1977.

Lisa Bseiso fait partie de celles-ci. Elle dit avoir eu une "rencontre très spirituelle et intense" avec l'esprit du chanteur lors de sa première visite à Graceland avec son mari en août 2014.

"Il était assis sur une chaise", se souvient cette femme de 36 ans originaire du Qatar. "Ses larmes coulaient et il disait +Ne m'oublie pas, diffuse mon héritage dans ta partie du monde+".

De retour chez elle, elle a créé The Official Elvis Presley Fan Club du Qatar, avec l'intention aujourd'hui de l'étendre à Dubaï, au Bahrein et au Koweït.

"Il est un don de Dieu pour nous tous", affirme-t-elle à l'AFP, de retour à Graceland avec famille et amis. "Dieu l'a repris chez lui, mais il est toujours ici."

Fan depuis toujours, elle raconte que la musique du King l'a aidée pendant sa convalescence après un accident de voiture en 1999 qui l'a laissée deux semaines dans le coma.

Esprit vivant

Quels que soient leur âge ou leur nationalité, ses fans sont persuadés de l'omniprésence de l'esprit d'Elvis, puisant réconfort dans sa musique pendant les périodes difficiles. Ils aiment à rappeler avec émotion son histoire de garçon pauvre devenu une star planétaire, et sa générosité légendaire.

Mais Presley est bien plus qu'un exemple du rêve américain, bien plus que l'incarnation de la beauté grecque, estime Ted Harrison, auteur de l'ouvrage "La mort et la résurrection d'Elvis Presley".

"L'Elvis d'aujourd'hui n'est pas le véritable Elvis mais un personnage mythologique auquel des millions (de personnes) peuvent s'identifier, chacune à leur manière", souligne-t-il.

Selon lui, "pour certains fans, il comble désormais un vide spirituel et religieux dans la société laïque contemporaine. On lui octroie un statut de demi-Dieu, quasi-messianique et des histoires mystiques sont racontées sur sa vie".

Des milliers de personnes lui ont dédié un sanctuaire chez elles, et considèrent la visite de Graceland comme un pèlerinage, écrivant des prières sur le mur d'enceinte. Certains vont même jusqu'à le prendre pour Jésus, relève M. Harrison.

Ce n'est pas le cas de Mme Bseiso. Elle ne considère pas l'interprète de "Blue Suede Shoes" comme un prophète ou un personnage biblique, mais elle a découvert avec lui sa vocation: dissiper les préjugés sur les Arabes et le Proche-Orient en diffusant sa musique.

"Je pense qu'à sa naissance Dieu lui a confié le don d'influencer et de toucher les gens", explique-t-elle. "Sa musique vous parle... ses paroles ont une signification spirituelle."

A une dizaine de minutes de Graceland, un guide au Sun Studio explique aux visiteurs qu'ils se trouvent dans un lieu "sacré et béni". C'est dans le sous-sol que Presley a enregistré son premier tube, "That's All Right" en 1954.

Pris de frénésie, ils jouent alors des coudes pour prendre place à l'endroit exact où se trouvait leur idole, s'emparant de son micro pour fredonner quelques paroles, mitraillant avec leurs appareils photo et frissonnant de plaisir.

"C'est le paradis!", soupire Daniela Soto-Cuadra, avocate chilienne de 42 ans. Cette mère de deux enfants devait se marier lundi à Graceland.

"J'ai la chair de poule", confie de son côté Tessa Bruns, anesthésiste de 40 ans venue du Wisconsin. "Etant une personne plutôt religieuse et catholique, je dirais qu'Elvis est une religion, le blues, le rythme, son legs", dit-elle, casquette de baseball vissée sur la tête.

Qu'aurait-elle dit au King? "Je pense que je lui aurais dit que je vénère le sol sur lequel il marche."

Avec AFP

XS
SM
MD
LG