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L'Etat veut prendre en charge les funérailles des jeunes morts dans un commissariat de Brazzaville


La police dans les rues de Brazzaville, Congo, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
La police dans les rues de Brazzaville, Congo, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

La police congolaise a entamé des discussions avec les familles des 13 jeunes morts dans un commissariat pour trouver un regalement à l'amiable. Dans un premier temps, les autorités ont remis une somme de 2 millions de francs CFA aux parents pour organiser les funérailles de leurs enfants.

Après une première réunion avec le ministre de l'Intérieur, Raymond Mboulou, chaque famille est passée prendre la somme de 2 millions de FCFA.

Reportage de Arsène Séverin, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique
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Cet argent servira aux obsèques. Après plusieurs hésitations, certaines familles ont estimé que les autorités étaient de bonne foi, et qu'il fallait leur faire confiance pour le reste du processus.

Casimir Ngakala, parent de victime du drame du commissariat de Chacona, à Brazzaville, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Casimir Ngakala, parent de victime du drame du commissariat de Chacona, à Brazzaville, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

​Casimir Ngakala, l'un des parents des victimes : "Ils ont reconnu qu'il s'agit bien de leur responsabilité, que leurs éléments étaient sur le terrain et que cela a été commis chez eux. On va vers un consensus, mais on aurait voulu que cela se passe de façon collective avec tous les parents concernés", déplore-t-il.

En effet, d'autres familles redoutent la force écrasante de l'État dans les discussions qui les lient désormais. Seules, elles n'arriveraient pas à bien négocier, prévient le représentant de la famille Kiyindou.

"Pour que ce que le gouvernement dit soit pris en compte, il faut que des ONG nous appuient, sinon ce sera de la pagaille. Au Congo le gouvernement promet, mais il faut qu'il y ait quelqu'un qui les agite pour qu'ils réalisent ce qu'ils disent", indique Kiyindou.

Ces familles ont jusqu'ici été accompagnées par une plateforme d'ONG qui ont dénoncé le drame de Chacona, du nom du commissariat de police où 13 jeunes ont trouvé la mort le 23 juillet dernier. A l'instar de Jean Pierre Koubandza de la Maison Commune, les responsables de ces organisations attirent l'attention des familles sur l'argent.

>> Lire aussi : Des ONG exigent des funérailles officielles pour 13 jeunes morts dans un commissariat au Congo

Jean-Pierre Koubandza déplore que l'Etat n'ait pas suivi les doléances des parents de victimes, à Brazzaville, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Jean-Pierre Koubandza déplore que l'Etat n'ait pas suivi les doléances des parents de victimes, à Brazzaville, le 11 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

"Le souhait du collectif des parents était que l'État prenne en charge toutes les obsèques tel qu'il sait le faire. Donner de l'argent aux familles peut les mettre en danger et créer des contradictions dans les familles", prévient Jean-Pierre Koubandza.

L'Observatoire congolais des droits de l'homme, une autre ONG locale, exige l'autopsie sur tous les corps identifiés.

Le directeur exécutif de l'OCDH estime que si l'autopsie n'est pas faite, le dossier judiciaire ne sera pas consistant.

"On ne saura pas de quoi sont morts les enfants. L'OCDH est prêt à aider les familles pour qu'on un médecin étranger vienne faire cette autopsie de façon indépendante", affirme-t-il.

Le Congo ne dispose que d'un seul médecin assermenté pour faire des autopsies. Cette opération n'a lieu que sur ordre du procureur de la République dont les parents ont d’ores et déjà demandé la destitution.

>> Lire aussi : Les langues se délient sur la mort de 13 jeunes à Brazzaville

Au gouvernement, l'heure est à la prudence après les premières déclarations contradictoires. Interpellé devant le Sénat, le ministre de l'Intérieur a affirmé ne pas en dire long, avant l'aboutissement des enquêtes en cours : "Seize jeunes ont été placés en garde à vue au quartier Chacona où 13 d'entre d'eux ont trouvé la mort, et au stade actuel de l'enquête on ne peut pas dire comment", indique le ministre Mboulou.

Avec les 2 millions de FCFA reçus des autorités, plusieurs familles comptent organiser les funérailles de leurs enfants cette semaine, sans autopsie.

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