Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Deux gendarmes tués en zone anglophone au Cameroun


Les forces de police camerounaises patrouillent à un carrefour routier à Douala le 21 octobre 2017.
Les forces de police camerounaises patrouillent à un carrefour routier à Douala le 21 octobre 2017.

Deux gendarmes ont été abattus à en zone anglophone mardi, au lendemain de la mort d'un autre gendarme tué dans une localité proche de cette ville, marquant une nouvelle escalade dans la crise anglophone au Cameroun.

Aux environs de 3 heures du matin, selon des sources sur place à Bamenda, chef lieu du nord-ouest, une patrouille mixte, constituée de gendarmes et policiers, a été attaquée par des individus armés et non identifiés.

L'incident, qui a fait deux morts, s'est produit sur la route qui mène vers l'aéroport de Bamenda, en direction de la localité de Bafut. Une journaliste, joint par VOA Afrique, confirme "l'assasinat" de ses deux gendarmes.

Un gendarme, venu en renfort au lycée à Bayelé, est tombé dans le piège des assaillants, qui l'ont froidement abattu avec leurs armes.

Bayelé est situé sur la route de l'école normale de Bambili, non loin du centre de formation du club de football "Lions Club Academy".

Que s'est il passé ?

Lors des échanges de coup de feu, un gendarme aurait perdu la vie.

L'autre gendarmerie aurait été la cible d'une brusque attaque alors qu'elle veillait sur la sécurité d'une école, le lycée de Bayelé, a confié le reporter d'une radio émettant à Bamenda.

Difficile de le savoir à l'heure actuelle avec exactitude les circonstances du décès de ces deux gendarmes.

Les autorités de la région du nord-ouest - le gouverneur et l'Etat major de l'armée et les responsables de la police - étaient encore en réunion de crise mercredi matin jusqu'à 11h30 TU.

Personne ne sait les raisons pour lesquelles des tirs de coup de feu ont été entendus mercredi matin au lieu dit "off station" au centre-ville de Bamenda. Il était 2 heures du matin, affirme une source joint par VOA Afrique depuis Bamenda.

Si les activités se déroulent normalement dans la ville, selon une source de médias, l'entrée de la ville est restée bouclée pendant des heures mercredi jusqu'à 6 heures TU.

C'est le troisième décès de gendarmes enregistré depuis le début de la semaine dans le nord-ouest du Cameroun.

Le premier, le 6 novembre dernier, un gendarme venu en renfort pour défendre un établissement scolaire a été attaqué par des individus non identifiés.

Répression et dialogue

Le gouvernement a pourtant joué à plusieurs reprises les cartes de la répression et de l'apaisement, sans succès selon des analystes qui appellent à une médiation internationale et craignent une "insurrection armée".

Après une coupure de trois mois d'internet en zones anglophones, Yaoundé avait décidé en avril de rétablir la connexion.

De même, Paul Biya a décrété fin août l'arrêt des poursuite contre plusieurs leaders anglophones jugés par un tribunal militaire de Yaoundé après les violences de décembre 2016.

En octobre, après les violences autour de la proclamation symbolique de l'indépendance de l'"Ambazonie", des émissaires du gouvernement, dont le premier ministre, Philemon Yang, sont descendus dans les deux régions pour dialoguer avec les populations.

Dans un rapport publié le 19 octobre, le centre d'analyse International crisis group (ICG) avait appelé le président camerounais Paul Biya à "prendre ses responsabilités" et "agir vite" dans les zones anglophones.

Le groupe de réflexion demandait aussi aux partenaires internationaux du Cameroun, "jusqu'ici passifs, voire complaisants vis-à-vis du régime", d'exiger "l'ouverture d'un dialogue inclusif sur la décentralisation et le fédéralisme".

"L'aggravation de la crise (...) requiert désormais l'intervention d'un médiateur crédible", comme l'ONU ou l'Union africaine, avait suggéré l'organisation.

Dans son rapport de mi-octobre, l'ICG estimait que "du fait de cette répression meurtrière (par les forces de l'ordre), les rangs des sécessionnistes augmentent de jour en jour, et certains d'entre eux évoquent plus résolument l'idée d'une lutte armée ou de l'+autodéfense+".

Il y a risque "d'insurrection armée" dans les régions anglophones, estimait alors l'ICG que le gouvernement camerounais a accusé de "déstabilisation" du pays.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

XS
SM
MD
LG