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Destitution: le bras de fer sur le procès de Trump s'engage avant même sa mise en accusation


Le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell et le chef de la minorité au Sénat Chuck Schumer.
Le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell et le chef de la minorité au Sénat Chuck Schumer.

Donald Trump sera mis en accusation cette semaine pour abus de pouvoir, mais l'organisation de son procès historique en destitution déchire déjà les républicains et leurs opposants démocrates qui veulent entendre plusieurs responsables de la Maison Blanche.

"Le président Trump a bafoué notre sécurité nationale quand il a abusé de ses pouvoirs à des fins politiques personnelles", puis il a déployé des efforts "catégoriques, indiscriminés et sans précédent" pour gêner l'enquête du Congrès: dans un rapport de 658 pages, mis en ligne lundi, les démocrates ont résumé leurs griefs contre le président américain.

La publication de ce pavé ouvre la voie au passage au vote, probablement mercredi, à la Chambre des représentants sur son renvoi en procès pour "abus de pouvoir" et "entrave au travail du Congrès", deux chefs approuvés en commission la semaine dernière.

"Même si l'élection de 2020 est dans moins d'un an, le Congrès ne peut attendre ce scrutin pour réagir face aux errements du président", écrivent encore les démocrates, qui accusent Donald Trump d'avoir exercé un chantage sur l'Ukraine, notamment en gelant une importante aide militaire, pour la forcer à enquêter sur Joe Biden, son potentiel rival à la présidentielle.

L'opposition ayant repris le contrôle de la chambre basse il y a un an, le milliardaire new-yorkais est quasiment certain de devenir le troisième président de l'histoire des Etats-Unis renvoyé en procès. Avant lui, seul Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, ont vécu l'opprobre de cet "impeachment".

Comme eux, il devrait toutefois échapper à une destitution: les républicains restent majoritaires au Sénat chargé de le juger et font bloc autour de leur président.

- "Juste et honnête" -

Malgré les auditions spectaculaires d'ambassadeurs et hauts responsables sur un "donnant-donnant" que Donald Trump voulait selon eux imposer à Kiev, aucune faille n'est en effet apparue dans le camp républicain.

Sur une vingtaine de pages annexées au rapport démocrate, l'élu républicain Doug Collins dénonce ainsi des preuves "dérisoires" et des charges "vagues", "hyperboliques".

Au Sénat, ils auront la main sur la procédure et leur leader dans cette enceinte Mitch McConnell a déjà fait savoir qu'il se "coordonnerait en tous points" avec les avocats de la Maison Blanche.

Pas décidés à perdre totalement la main, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer a plaidé lundi pour un procès "juste et honnête" qui devrait selon lui commencer dès le 6 janvier.

Dans un courrier à M. McConnell, il a demandé la convocation de quatre conseillers ou anciens conseillers de Donald Trump, dont l'ancien conseiller à la Sécurité nationale John Bolton ou son chef de cabinet Mick Mulvaney, qui n'avaient pas été autorisés à témoigner à la Chambre.

Selon M. Schumer, leur témoignage est essentiel car les quatre hommes ont "une connaissance directe des raisons pour laquelle l'administration a retardé le versement des fonds destinés à l'Ukraine", près de 400 millions de dollars destinés à l'aider dans son conflit armé avec la Russie.

- "Absurdes" -

Pour obtenir gain de cause, M. Schumer devra convaincre 51 sénateurs sur 100, or les rangs démocrates ne comptent que 47 membres. La barre est toutefois moins haute que celle fixée pour destituer un président: 67 voix.

Celle-ci semble d'autant plus inatteignable que plusieurs élus affichent clairement leurs intentions de voter l'acquittement. "Je ne vais pas prétendre que je serai un juré juste", a d'ores et déjà déclaré le sénateur Lindsey Graham, en dénonçant des accusations "absurdes et partisanes".

Ce proche de Donald Trump plaide depuis plusieurs jours pour un procès rapide. Mais Donald Trump semble tenté par l'idée de se servir de cette tribune pour s'en prendre à ses adversaires.

Il a effleuré l'idée de convoquer Joe Biden ou son fils Hunter, qui a siégé au conseil d'administration d'un groupe gazier ukrainien à la réputation douteuse, quand son père était le vice-président de Barack Obama.

Bien que la justice ne se soit jamais intéressée à Joe Biden, Donald Trump assure depuis le début du scandale ukrainien avoir été dans son bon droit en demandant à Kiev d'enquêter sur des soupçons de "corruption" du père et du fils.

Il demande à les entendre "pour détourner l'attention", a commenté Chuck Schumer. Pour lui, il faut s'en tenir "aux faits".

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