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Des jeunes d'un quartier défavorisé du Cap à l'assaut de l'Atlantique


Une compétition de voile se déroule près des côtes sud-africaines lors des Jeux olympiques de Rio, le 10 août 2016.
Une compétition de voile se déroule près des côtes sud-africaines lors des Jeux olympiques de Rio, le 10 août 2016.

Ils sont jeunes et originaires d'un quartier plus souvent associé à la violence des gangs qu'à la voile: le 1er janvier, sept jeunes marins d'Afrique du Sud quitteront leur ville du Cap pour la course de leur vie, 5.600 km à travers l'Atlantique sud jusqu'à Rio de Janeiro.

Depuis des mois, cet équipage s'entraîne sans relâche au large de la pointe sud du continent africain avec l'objectif affiché d'inscrire son nom au palmarès de la Cape2Rio, la plus longue compétition à la voile de l'hémisphère sud.

"Je suis très fier de mes gars, de ce que nous avons accompli jusqu'à présent", assure Theo Yon, 27 ans, le skipper du Griffon, un monocoque de 43 pieds. "Nous formons une bonne équipe, nous avons de l'expérience et nous pouvons y arriver", ajoute-t-il.

A l'origine de cette aventure, il y a le club nautique de Hout Bay (HBYC), un port proche du Cap, et la volonté de ses dirigeants de promouvoir des jeunes défavorisés de Hangberg, un quartier réservé aux métis pendant le régime raciste de l'apartheid.

Hangberg a fait la "une" de l'actualité sud-africaine en 2010, lorsque de violentes émeutes y ont opposé les forces de police et ses habitants, farouchement hostiles à un projet de relogement.

Lui-même originaire de ce township, Theo Yon a découvert la voile de haut niveau grâce à la fondation mise sur pied par le club nautique. Il a décidé de transmettre sa passion à une autre génération.

"L'idée est de sortir les gamins de la rue", explique-t-il, "nous aurons dans notre équipage des jeunes désavantagés et d'autres qui ont de l'argent, ce sera un mélange".

"Etre sur l'eau"

Cole Davids, 16 ans, est originaire de Hangberg et se range lui-même dans la première catégorie. Il a saisi sans hésiter la main tendue par son aîné.

"Theo nous apprend à naviguer et la raison pour laquelle je le fais moi aussi, c'est parce que ça m'évite de tomber dans les mauvaises choses qui se passent dans les rues. La contrebande, la drogue, les meurtres, les coups de couteau..."

Comme Cole, Waylen Jones, 11 ans à peine, est trop jeune pour faire partie de l'équipage qui hissera la grand voile pour le Brésil. Mais il a pris goût aux sports nautiques et, plus généralement, à la mer.

"Je fais de la voile parce que c'est super de voir la mer et les poissons, et d'être sur l'eau", assure-t-il avec son peu de mots de préadolescent. "A la maison, c'est ennuyeux, ici c'est plus sympa".

Le patron du Griffon, Theo Yon, a déjà participé en tant qu'équipier à la Cape2Rio en 2014. Sous ses ordres, il emmènera cette fois son jeune frère de 17 ans, Lorenzo, qui espère bien enrichir l'armoire à trophées familiale dès sa première traversée de l'Atlantique.

"J'ai déjà fait une longue course, à Mossel Bay (sud), et j'ai vraiment hâte de participer à la Cape2Rio", assure-t-il, impatient de se lancer à l'assaut de l'océan.

Jeune mais déterminé, l'équipage du Griffon est persuadé de pouvoir y briller.

"Nous avons récemment terminé premiers de notre catégorie à Mossel Bay, nous étions pourtant confrontés aux meilleurs marins d'Afrique du Sud", note Le-Roy Rudolf, 29 ans, un des barreurs du bateau. "Peut-être que cette fois nous décrocherons la première place", se plaît-il à rêver.

Avec AFP

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