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Crise financière à Chypre: le suspense continue


Les distributeurs de billets, pris d'assaut à Chypre
Les distributeurs de billets, pris d'assaut à Chypre
Chypre multiplie les démarches pour sortir de l’impasse économique. Les dirigeants peinent à réunir 7,5 milliards de dollars pour mettre à jour le service de la dette. La Banque centrale européenne a prévenu que l’île pourrait perdre le bénéfice des fonds d’urgence si le pays n’arrive pas à se mettre d’accord sur une stratégie pour sortir de sa crise financière.

Les dirigeants chypriotes doivent trouver d'autres moyens de rembourser les créanciers internationaux à la suite du rejet par le parlement de la taxe sur les dépôts bancaires, une mesure controversée qui faisait partie du plan de sauvetage de 13 milliards de dollars accepté par les prêteurs internationaux du pays.

Si les banques restent fermées, sur ordre du gouvernement chypriote, jusqu’à la semaine prochaine, les lignes s’allongent devant les distributeurs automatiques de billets, qui permettent encore des retraits, même modestes, des comptes autrement gelés. Etrangers et Chypriotes se relaient pour retirer le maximum de fonds autorisés.

En fin de journée jeudi, Standard and Poor's (SP) a annoncé avoir abaissé d'un cran, à « CCC », la note de la dette de Chypre. L’agence de notation s’est également inquiétée de la fuite éventuelle des capitaux une fois que les banques chypriotes rouvriront leurs portes mardi prochain.

Avec un taux d'imposition des sociétés limité à 10 %, Chypre a longtemps attiré les investisseurs étrangers. Mais cette île méditerranéenne a d'autres attraits, affirme le professeur Kate Phylaktis de la Cass Business School de Londres, ancienne consultante auprès du gouvernement chypriote.

« Ce n'est pas seulement à cause de la fiscalité », a déclaré Mme Phylaktis. « La langue anglaise est très bien parlée à Chypre. Notre système juridique est fondé sur le système juridique britannique et de ce fait, nos institutions sont très bonnes et bien comprises par tout le monde, ce qui est très attrayant pour les investisseurs étrangers ».

L’agence de notation Moody estime que les Russes ont déposé quelques 31 milliards de dollars dans des comptes bancaires à Chypre. Selon Mme Phylaktis les deux pays se sont nettement rapprochés suite à l'éclatement de l'Union soviétique.

« Nous avons eu des liens très durables et des relations étroites avec les Russes » affirme le professeur. « Environ 20.000 familles russes vivent à Chypre ; alors évidemment, ces Russes ont des biens, des dépôts, des entreprises, qui apportent beaucoup d'argent dans l’ile, sans aucun doute ».

Ces dernières semaines, les médias allemands ont publié des rapports des services du renseignement, selon lesquels Chypre permettrait aux Russes corrompus de blanchir des fonds.

Selon Mme Phylaktis, c’est ce qui a poussé l'Union européenne (UA) à insister sur des mesures draconiennes en échange d'un plan de sauvetage des banques chypriotes. A quelques mois des élections partielles en Allemagne, la chancelière allemande, Angela Merkel, ne peut pas risquer de se faire accuser de financer les oligarques russes.

James Ker-Lindsay, un expert sur l'Europe du sud-est à la London School of Economics, estime de son côté que les accusations lancées contre Chypre sont exagérées. Néanmoins, « nous savons que l'argent sale russe est passé par beaucoup d'endroits » admet-il.

Pour de nombreux ressortissants étrangers, ajoute M. Ker-Lindsay, Chypre était tout simplement un refuge. Pour les Libanais durant la guerre civile, pour les nord-africains depuis le printemps arabe, pour les Irakiens suite à l’intervention des Etats-Unis dans ce pays. Pour les habitants des Balkans durant les années 1990 .
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