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Washington tente de maintenir la pression malgré la détente avec la Corée du Nord


Conference de presse de Rex Tillerson et Chrystia Freeland, Vancouver, Canada, le16 janvier 2018.
Conference de presse de Rex Tillerson et Chrystia Freeland, Vancouver, Canada, le16 janvier 2018.

Les Etats-Unis ont tenté mardi à Vancouver de maintenir une pression "maximale" contre les ambitions nucléaires nord-coréennes, en appelant avec leurs alliés à un renforcement des contrôles maritimes, malgré la récente amorce de détente entre la Corée du Nord et son voisin du Sud.

Cette réunion d'une vingtaine de pays proches de Washington, coprésidée par le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue canadienne Chrystia Freeland, a été vertement critiquée par la Chine et la Russie, qui n'étaient pas présentes dans la ville de l'ouest du Canada.

Prévue de longue date, avant la décision surprise de Pyongyang de participer au jeux Olympiques d'hiver le mois prochain en Corée du Sud, elle n'a pas donné lieu à de grandes annonces mais a surtout servi à remobiliser le front des alliés des Américains.

Ces pays, parmi lesquels le Japon et la Corée du Sud dont la différence de ton a été remarquée, ont appuyé "un renforcement de l'interdiction maritime afin de déjouer les transferts de navire à navire", une tactique reprochée aux Nord-Coréens pour échapper aux contrôles et s'approvisionner en denrées soumises à un embargo, a déclaré Rex Tillerson à l'issue de la réunion. Il a toutefois assuré ne pas vouloir "interférer avec les activités maritimes légitimes".

Mais aucune mesure concrète nouvelle n'a été dévoilée.

"Nous n'accepterons pas que la Corée du Nord soit une menace nucléaire contre le monde", a martelé Chrystia Freeland. "Nous partageons tous la même politique et le même objectif: la dénucléarisation totale, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne", a renchéri le chef de la diplomatie américaine, promettant "de nouvelles conséquences pour le régime" de Kim Jong-Un "à chaque nouvelle agression".

"Gagner du temps"

Il a aussi demandé à Moscou et Pékin la mise en oeuvre rigoureuse des sanctions adoptées par l'ONU.

Pour autant, "notre unité et notre cause commune avec d'autres dans la région, notamment la Chine et la Russie, resteront intactes malgré les tentatives fréquentes de la Corée du Nord de nous diviser", a assuré Rex Tillerson.

Avant même de débuter, la réunion de Vancouver avait suscité la colère de ces deux pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et favorables à une reprise rapide du dialogue.

Elle "n'a ni légitimité ni représentativité", a lancé Lu Kang, porte-parole de la diplomatie chinoise, tandis que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov critiquait "les Américains et leurs alliés" qui veulent "imposer leurs vues en se basant exclusivement sur le diktat et l'ultimatum".

L'apaisement né de la toute récente reprise, après deux années de gel, du dialogue entre Séoul et Pyongyang avant les JO de Pyeongchang (9-25 février), donne lieu à des interprétations parfois divergentes.

Au téléphone, le président chinois Xi Jinping a rappelé à son homologue américain Donald Trump que la situation sur la péninsule connaissait "des évolutions positives" et a appelé à "faire perdurer l'actuelle détente" pour "créer les conditions nécessaires à la reprise des pourparlers de paix", selon l'agence Chine nouvelle.

Les deux hommes ont exprimé "l'espoir" que ce dialogue coréen "puisse encourager un changement dans l'attitude destructrice de la Corée du Nord", a ajouté la Maison Blanche.

Rex Tillerson s'est ainsi redit prêt à dialoguer avec le régime de Pyongyang, qui doit toutefois au préalable "démontrer qu'il est prêt à parler".

La cheffe de la diplomatie canadienne a reconnu que la détente intercoréenne était "un signal encourageant" et son homologue sud-coréenne Kang Kyung-wha s'est voulue optimiste, estimant que "les deux instruments" --"sanctions sévères" et main tendue-- allaient de pair. Elle a estimé que cette stratégie avait "commencé à porter des fruits".

Appuyant les appels américains pour plus de pression, le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono a toutefois mis en garde contre toute tentation de baisser la garde. Sans citer nommément Séoul, il a soupçonné le régime de Kim Jong-Un de vouloir "enfoncer un coin entre les pays +durs+ et ceux qui ne sont pas si durs".

"Certains affirment qu'il faut récompenser la Corée du Nord pour sa participation au dialogue intercoréen, par des levées de sanctions ou en lui fournissant une certaine assistance", a-t-il dit. "Il s'agit d'une vision bien trop naïve", "la Corée du Nord veut juste gagner du temps pour poursuivre ses programmes nucléaire et balistique", a-t-il prévenu.

Avec AFP

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