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Comment Donald Trump est passé de célébrité à président des Etats-Unis


Le président élu Donald Trump parle lors d'une conférence de presse à la Trump Tower, à Manhattan, New York, le 11 janvier 2017.
Le président élu Donald Trump parle lors d'une conférence de presse à la Trump Tower, à Manhattan, New York, le 11 janvier 2017.

Moins de 17 mois. C'est le temps qu'il a fallu à Donald J. Trump pour ravir la Maison Blanche, contre des adversaires qui pourchassaient ce rêve depuis des années. Mais l'ambition politique de ce milliardaire tapageur remonte à au moins... 1988.

C'était alors sur le plateau de la vedette de télévision Oprah. "Si j'y allais, j'aurai de grandes chances de gagner, car les gens en ont marre de voir les Etats-Unis se faire truander", dit alors d'une voix suave le promoteur immobilier aux cheveux châtain clair, dont le sourire s'affiche si souvent à la Une des tabloïdes new-yorkais.

L'auteur du best-seller "The Art of the Deal" a alors 42 ans. S'il renonce cette année-là, la graine est plantée.

Le lancement

Rebelote en 1999. Cette fois, Donald Trump fait un pas de plus. Il quitte le parti républicain et envisage de briguer l'investiture du petit parti de la Réforme, avec un discours ni droite-ni gauche de défense des "travailleurs". Mais il jette l'éponge quatre mois plus tard.

Le magnat façonne toutefois à l'époque le discours patriotique et de tendance protectionniste qui fera son succès 17 ans plus tard. Le milliardaire dénonce les pays qui "arnaquent" les Etats-Unis dans le commerce international: l'Allemagne, le Japon et... la France, "un affreux partenaire".

Avance rapide vers juin 2015. La course à la Maison Blanche bat son plein. Hillary Clinton et Bernie Sanders chez les démocrates, et 11 républicains dont Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz briguent déjà l'investiture de leur parti.

Dans le hall de la Trump Tower à Manhattan, Donald Trump se déclare et promet de "rendre à l'Amérique sa grandeur". Un mois avant, il n'était pas inclus dans les sondages. Sa candidature fait ricaner commentateurs et diplomates étrangers.

Il prend la tête d'un premier sondage en juillet. Sa candidature est, en fait, un blockbuster: les controverses sont légion, les invectives pleuvent, mais Monsieur Trump jamais ne s'excuse, et toujours occupe les écrans des chaînes d'information.

La classe politique s'offusque quand, le 7 décembre 2015, il propose de fermer les frontières aux musulmans, peu après les attentats de Paris. Ce faisant, "le Donald" s'élève dans les sondages: 25 puis 30 puis 35% des sympathisants républicains.

Les primaires

A la veille du lancement des primaires en février 2016, les républicains dits "traditionnels" sont persuadés que le candidat populiste - c'est-à-dire antisystème et anti-élites - se heurtera à ce plafond de 30 ou 35% des voix, et qu'in fine quelqu'un unira le reste du parti pour battre Donald Trump dans un duel.

Mais le parti est en pleine guerre civile et comme emporté par la vague anti-establishment incarnée par Donald Trump et Ted Cruz, un sénateur venu du Tea Party. Le 1er février 2016, le Texan arrive premier à la consultation de l'Iowa.

A la surprise générale, la suite des primaires se transforme en match d'une rare violence entre ces deux personnalités honnies par le reste de leur parti. Des millions sont dépensés en vain par les "tout sauf Trump". En mai, l'affaire est pliée pour le milliardaire.

Martial, il se pose en recours lors de son investiture en juillet, proclamant: "L'Amérique d'abord !"

Objectif: Clinton

Sa tactique ne change guère pour battre la candidate du parti démocrate, mieux financée et appuyée par le populaire Barack Obama. Le républicain capitalise sur la vague de colère qui balaie les Etats-Unis. Il rassemble progressivement son parti.

Devant les centaines de milliers de personnes qui viennent l'écouter dans ses meetings, il dépeint Hillary Clinton comme une élitiste liée à Wall Street, avocate du statu quo et vouée à la prison pour l'affaire de ses emails. Agé de 70 ans, il exploite sans scrupule le malaise, en septembre, de l'ex-secrétaire d'Etat de 68 ans.

Mais il reste à la traîne dans les sondages. Sa rivale domine les trois débats télévisés, et lui s'empêtre dans des polémiques avec les parents d'un soldat musulman mort, avec une ancienne Miss Univers, et des controverses sur sa feuille d'impôts, sa fondation.

A un mois du scrutin, le parti républicain se résigne ouvertement à perdre la Maison Blanche après l'exhumation d'une vidéo de 2005 dans laquelle Donald Trump se vante d'attraper les femmes par le sexe.

C'est dans ces dernières semaines que le vent tourne pour la favorite. Le 7 octobre, Wikileaks commence à publier des messages piratés du président de son équipe de campagne, John Podesta, ouvrant au grand public les archives de la candidature Clinton, avec tout ce que ces échanges privés peuvent révéler sur le cynisme et les arrière-pensées d'une entreprise politique.

Combinée à la relance surprise de l'affaire des emails par le FBI, l'affaire est dévastatrice pour la candidate, devenue inaudible.

La combinaison des polémiques anti-Clinton et du message de changement de Donald Trump permettent au magnat de faire la différence. Le monde découvre avec stupéfaction que d'anciens électeurs blancs de Barack Obama dans les classes populaires ont voté un peu plus pour le candidat républicain que lors d'élections précédentes.

Le milliardaire est lui aussi surpris. "Je pensais que j'avais perdu", a-t-il raconté, rappelant avoir loué sciemment une petite salle pour sa soirée électorale à New York.

Avec AFP

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