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Le processus de paix en péril après des attaques de l'ELN en Colombie


Un cessez-le-feu était en vigueur entre le 1er octobre et le 9 janvier à minuit.
Un cessez-le-feu était en vigueur entre le 1er octobre et le 9 janvier à minuit.

Une série d'attaques attribuées à la guérilla de l'ELN a poussé le gouvernement à suspendre les négociations de paix avec les rebelles, mettant en péril la trêve qui a mis fin à plus de 50 ans de confrontation armée en Colombie.

Mercredi matin, lors d'une allocution télévisée, le président colombien Juan Manuel Santos a indiqué avoir rappelé son négociateur en chef, actuellement à Quito, en Equateur, où se déroulent les pourparlers avec l'Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active de Colombie.

"J'ai parlé avec le négociateur en chef du gouvernement à Quito afin qu'il revienne immédiatement pour évaluer l'avenir du processus", a-t-il déclaré.

Un cessez-le-feu était en vigueur entre le 1er octobre et le 9 janvier à minuit.

C'était la première fois de son histoire que cette guérilla, inspirée de la révolution cubaine et issue en 1964 d'une insurrection paysanne, signait un accord de ce type.

Mardi, jour de la fin de la trêve, les deux parties avaient entamé des pourparlers en vue de sa prolongation. Ils devaient reprendre mercredi avant cette annonce de Bogota.

M. Santos a dénoncé la reprise des "attaques terroristes" intervenues mercredi matin "contre la population, les forces armées et les infrastructures" qui, a-t-il annoncé, ont causé la mort d'un soldat et blessé deux autres dans le nord-est de la Colombie.

De son côté, l'ELN a demandé la poursuite des négociations. "Nous, nous restons ici (à la table des négociations), que les discussions se poursuivent et qu'aucun incident ne vienne les interrompre. Nous appelons (le gouvernement) à revoir" sa position, a déclaré à Quito le commandant Pablo Beltran, négociateur en chef des rebelles.

Un peu plus tôt, l'entreprise publique pétrolière Ecopetrol a dénoncé quatre attaques contre des installations dans quatre départements.

"Mon engagement pour la paix a été et sera total. Mais la paix se conquiert avec de la bonne volonté et des actes concrets. Pas seulement avec des mots", a déclaré le président Santos.

'Agir avec force'

Il a donné ordre aux forces armées "d'agir avec force pour répondre à cette agression" et a accusé la rébellion d'avoir refusé la prolongation du cessez-le-feu.

Il s'agit du niveau de tension le plus élevé atteint durant ce processus lancé en février 2017.

Cette décision du président Santos intervient alors que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres doit se rendre en Colombie ce week-end afin "de soutenir les efforts de paix", a indiqué mercredi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, en annonçant cette visite.

Pour l'expert Victor de Currea-Lugo, ce rebondissement pourrait aboutir à une rupture définitive des négociations. "L'accord (des deux parties) était de ne pas quitter la table des discussions quoi qu'il arrive. Mais la gravité de la rupture du cessez-le-feu et les attentats qui viennent de se produire rendent inévitable" cette "crise majeure", déclare-t-il à l'AFP.

"Il semble qu'une ligne dure au sein de l'ELN soit en train de s'imposer", a-t-il estimé.

Bien que le gouvernement colombien et la guérilla guévariste ont chacun exprimé à plusieurs reprises leur volonté de prolonger la trêve, l'accord avait déjà été fragilisé par des accusations mutuelles de violations.

L'ELN a déclaré dans un message à la fin de l'année qu'elle continuerait à négocier la paix même si le cessez-le-feu n'était pas prorogé.

Durant la trêve, l'ELN a admis sa responsabilité dans l'assassinat en novembre d'un leader indigène du département du Choco (nord-ouest).

Par ailleurs, le groupe guévariste considère comme une violation du cessez-le-feu la mort de sept paysans qui protestaient contre l'éradication forcée de la coca début octobre dans une zone frontalière de l'Equateur. Deux officiers de l'armée sont impliqués dans ces faits, selon le parquet colombien.

En un demi-siècle, ce conflit armé impliquant des guérillas, des paramilitaires, des forces gouvernementales et des trafiquants de drogue, a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7,4 millions de déplacés.

Avec AFP

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