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Les clubs de foot européens bientôt à court de cash chinois ?


Suso de l’AC Milan, au centre, jubile avec ses coéquipiers Jose Sosa, à gauche, Gerard Deulofeu, Juraj Kucka et Mario Pasalic, après avoir ouvert la marque au cours d’un match entre l’AC Milan et Palermo au stade San Siro à Milan, Italie, 9 avril 2017.
Suso de l’AC Milan, au centre, jubile avec ses coéquipiers Jose Sosa, à gauche, Gerard Deulofeu, Juraj Kucka et Mario Pasalic, après avoir ouvert la marque au cours d’un match entre l’AC Milan et Palermo au stade San Siro à Milan, Italie, 9 avril 2017.

L'AC Milan, Auxerre ou l'Espanyol Barcelone, sous pavillon chinois, vont peut-être devoir se serrer la ceinture après la récente décision de la Chine de freiner les investissements de ses entreprises dans les clubs sportifs étrangers.

Cette restriction annoncée mi-août est la dernière d'une vaste campagne des autorités. Elles entendent réduire les fuites de capitaux et la frénésie d'acquisitions à l'international des grands groupes, financées par un endettement jugé inquiétant.

Les supporters de la quinzaine de clubs européens détenus en partie ou en totalité par des capitaux chinois ne doivent donc pas s'attendre à de retentissants transferts avant la fin du mercato, qui s'achève jeudi dans la majeure partie de l'Europe.

"La nouvelle politique aura un impact sur les propriétaires chinois, qui devront continuer à investir de grosses sommes, notamment dans les joueurs, s'ils veulent rester compétitifs", juge Ji Zhe, spécialiste du football chinois et directeur à Londres du cabinet de marketing sportif Red Lantern.

"Si l'investissement se tarit, il y aura une répercussion. Les propriétaires pourraient redéfinir leurs priorités et les équipes souffrir, sur et en dehors du terrain", estime-t-il.

Le football chinois a connu un formidable développement depuis l'arrivée au pouvoir fin 2012 du président Xi Jinping, lequel a déclaré vouloir faire de son pays une puissance du ballon rond.

Taxe à 100%

Résultat: les grandes fortunes de Chine ont investi ces dernières années dans quelques-uns des clubs les plus prestigieux du Vieux continent, comme l'Atletico Madrid, l'AC Milan, l'Inter Milan ou Manchester City.

D'autres équipes moins huppées possèdent aussi des capitaux chinois, en France (Auxerre, Sochaux, Nice), en Espagne (Espanyol Barcelone, FC Grenade) ou encore en Angleterre (Aston Villa, West Bromwich, Wolverhampton, Birmingham City).

Juste avant l'annonce de la nouvelle réglementation chinoise, l'homme d'affaires Gao Jisheng avait par ailleurs racheté 80% de Southampton pour un montant estimé par la presse britannique à 200 millions de livres (216 millions d'euros).

Et en Chine même, des clubs jadis peu connus au niveau international ont également affolé les compteurs pour attirer des stars étrangères. Le Shanghai SIPG a par exemple acheté fin 2016 l'international brésilien Oscar (ex-Chelsea) pour 60 millions d'euros.

"Mais le climat a radicalement changé ces trois derniers mois", souligne Ji Zhe.

Les clubs chinois ont été mis en garde contre toute dépense extravagante, et se sont vus imposer par les autorités une taxe dissuasive de 100% sur l'achat de joueurs étrangers.

"Le gouvernement chinois freine fortement le boom du football et s'attaque aux fuites de capitaux à l'étranger", note Ji Zhe.

'Lâcher du lest'

Pour Zhang Qing, directeur général du cabinet de conseil sportif Key-Solution à Pékin, la nouvelle réglementation sur les investissements aura une influence sur les rachats potentiels de clubs européens et sur l'attitude des propriétaires chinois.

"Les entreprises devront désormais prendre en considération la difficulté d'acheter des clubs", souligne-t-il.

"Quant aux patrons chinois actuels, ils pourraient lâcher du lest sur les investissements et être plus prudents", ajoute M. Zhang.

Selon lui, cette tendance pourrait bénéficier au football en Chine -- une des priorités du président Xi Jinping. "Ils pourraient désormais contribuer davantage au développement du football sur le marché chinois", estime Zhang Qing.

Les clubs européens concernés auront donc certainement des difficultés pour obtenir le cash nécessaire à leurs investissements, estime Simon Chadwick, professeur en économie du sport à l'université britannique de Salford.

"C'est un peu comme un fair-play financier imposé directement par l'État. Vous ne pouvez dépenser que ce que vous gagnez", résume M. Chadwick.

"Les supporters de West Bromwich, Aston Villa, Nice ou Grenade ne doivent donc pas espérer une frénésie de dépenses pour l'achat de joueurs, car c'est exactement ce que les nouveaux règlements veulent empêcher -- des investissements sauvages sans aucune rentabilité financière ou économique", estime-t-il.

Avec AFP

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