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Cissé : "Le Sénégal doit retourner à la coupe du monde et décrocher un trophée continental"


Le coach des Lions Aliou Cissé face aux journalistes, à Franceville, Gabon, 18 janvier 2017.
Le coach des Lions Aliou Cissé face aux journalistes, à Franceville, Gabon, 18 janvier 2017.

Le sélectionneur des Lions du Sénégal, Aliou Cissé est revenu dans cet entretien avec VOA Afrique sur l’animation du jeu de son équipe, les éliminatoires de la coupe du monde 2018 et ceux de la CAN 2019. L’ancien joueur du PSG ne cache pas ses ambitions d’offrir au Sénégal son premier titre majeur. Entretien…

VOA Afrique : Face à la Guinée équatoriale le jeu de votre équipe n’a pas été reluisant malgré la victoire. Dans quel système aimez-vous faire évoluer votre équipe ?

Aliou Cissé : Je reste persuadé que le meilleur système de l’équipe nationale du Sénégal est le 4-3-3. Face à la Guinée équatoriale, je ne pouvais pas le mettre en place avec l’absence de nos excentrés, Sadio Mané et Diao Baldé Keïta. J’avais décidé de changer de système, de passer en 4-4-2 en losange. Mais au bout de 30 minutes, j’ai su tout simplement qu’on n’était pas fait pour ce système. Parce que c’était les périodes dans le match où on a beaucoup subi, on a beaucoup souffert puis qu’on était pris dans la conservation même si ils n’ont pas beaucoup progressé. Mes deux relayeurs dans ce 4-4-2 en losange, Henri Savait et Idrissa Gana Gueye, ont beaucoup couru dans le vide du fait aussi que Salif Sane était trop loin d’eux et il n’était pas dans les compensations. Je me suis dit que, pour le dernier quart d’heure, il fallait qu’on retourne dans les 4-2-3-1. Donc, on est reparti en 4-2-3-1. Et après, ça s’est bien passé en seconde période. Comme je l’ai dit, on a continué avec ce 4-2-3-1. Et je crois que dans l’ensemble, on a su mieux maitriser notre sujet. On a été plus en place. On a défendu plus en bas. On a été plus compact. Je pense sincèrement que quand on récupère nos excentrés que ça soit Sadio Mané que ça soit Diao Keïta Baldé, je crois que le système privilégié de cette équipe nationale est le 4-3-3.

On va vers un mois d’août et un début septembre très important puisque ce sera la troisième journée des éliminatoires de la coupe du monde, et le Sénégal va croiser le Burkina Faso qui a été demi-finaliste de la dernière CAN. Comment vous appréhender ce match?

C’est ce que je disais aux joueurs en début du stage, quand on était réuni à Saly. Je leur disais qu’en réalité on a quatre matches très importants, quatre matchs décisif et qu’il faut les gagner pour espérer aller à la coupe du monde. Il n’y a pas de double option, il n’y a pas d’autres calculs, d’autres schémas, je pense que c’est ce match contre le Burkina ici qu’il faut gagner et essayer aussi d’aller gagner chez eux. Comme je l’ai dit, nous sommes le Sénégal, et c’est important de le savoir. Je sais que les gens doutent encore de notre force ici dans ce pays. Peut-être certains pas tous mais certains peuvent douter du travail que nous sommes en train de faire depuis deux ans. Certains peuvent douter de notre capacité, en un moment, de figurer parmi les meilleures équipes d’Afrique. Mais je crois que tout le monde, tout le continent, nous respecte et connait notre vraie valeur. Les Anglais disent "big game for the big players". Ça veut dire tout simplement que les grands matchs sont faits pour les grands joueurs. Et comme j’estime que nous avons de grands joueurs, les matchs que nous allons jouer vont être pour les grands joueurs. Le tout, c’est de bien les préparer, avec beaucoup de sérénité, avec beaucoup de confiance, puisque mon rôle, c’est de donner beaucoup de confiance à mes joueurs, leur apporter beaucoup de sérénité et je suis persuadé que nous avons assez d’arguments pour gagner ces matchs-là.

Etes-vous conscient que le Sénégal ne doit pas louper cette mondiale de 2018 ?

En matière de football, on ne sait jamais. On peut vouloir quelque chose et ça ne passe comme ça. On est dans le cadre du sport, vous pouvez être la meilleure équipe et ne pas gagner non plus. En réalité, c’est ce qui fait les charmes du football, du sport. Une équipe peut être moins forte que vous et vous battre et là-dessus je suis assez équilibré. Mais avec les potentiels que nous avons, nous sommes en droit d’avoir de l’espoir, nous sommes en droit d’espérer sincèrement de se qualifier. Ça fait longtemps que le Sénégal ne s’est pas qualifié à la coupe du monde. Donc bien sûr, on a envie de se qualifier. On a envie d’y aller. Nous faisons tout pour y aller. Nous allons tout mettre en œuvre pour y aller. Maintenant, comme je vous ai dit, on est dans le cadre du sport. Donc, on ne sait jamais qu’est ce qui peut se passer. Donc là-dessus, je suis assez équilibré quand-même.

Donc l’objectif, c’est la double qualification à la CAN 2019 du Cameroun et à la coupe du monde ?

L’objectif aujourd’hui, c’est de faire de très belle qualification à la coupe du monde d’abord, et puis de voir s’il y a une possibilité de se qualifier. Et bien sûr, on va tout faire pour se qualifier et on veut se qualifier. Après bien sûr, il y a la CAN 2019 qui sera très important pour cette génération-là. Je pense qu’on peut essayer d’aller là-bas pour espérer la gagner.

Quel est aujourd'hui le rêve d’Aliou Cissé pour cette équipe du Sénégal?

Ecouter ! Mon rêve d'aujourd'hui, c'est d'amener l'équipe nationale le plus loin possible. Je veux amener encore l'équipe nationale en coupe du monde et offrir aux Sénégalais un trophée continental. C'est çà mon rêve. Mais cette mission n'est pas pour moi, elle dépasse ma personne, elle dépasse les joueurs, elle dépasse la fédération, mais c'est une mission pour tout le peuple sénégalais. Maintenant, il s'est trouvé que c'est moi qu'on a choisi pour diriger cette mission, et je compte sacrifier ma vie pour réussir cette mission. D'ailleurs, c'est ce que je ne cesse de répéter à mes joueurs : il y a des moments où il faut faire preuve de dépassement, oublier nos personnes, faire des efforts, se sacrifier pour son peuple. Le Sénégal mérite plus que çà, et c'est ce que j'ai envie de transmettre à mes joueurs. Des fois, les gens me demandent pourquoi tu passes ton temps à courir derrière l'équipe. Je leur dis tout simplement parce que j'aime mon pays et je n'attends rien du tout de mon pays, absolument rien du tout. J'ai envie de tout donner pour mon pays. Le pays n'a rien à donner et je veux que les joueurs le comprennent ainsi. Je ne fais pas du football business, parce que je n'y gagne rien. J’ai juste envie de donner du plaisir aux Sénégalais. Et pour cela, l'équipe nationale doit retourner à la coupe du monde et décrocher un trophée continental. Et, je suis vraiment sincère, nous devons nous sacrifier pour offrir un trophée continental aux Sénégalais.

Propos recueillis par Amedine Sy

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