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Centrafrique: "prolifération" des milices et "prédation" des ressources


Stephen O'Brien, Secrétaire général adjoint de l’Onu aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence à Bangassou, Centrafrique, 18 juillet 2017.
Stephen O'Brien, Secrétaire général adjoint de l’Onu aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence à Bangassou, Centrafrique, 18 juillet 2017.

La Centrafrique est menacée par une prolifération de groupes armés qui se battent pour le contrôle des ressources naturelles, provoquant une partition de fait du pays, selon le rapport d'un groupe de réflexion publié jeudi, au moment où les violences redoublent et où l'ONU évoque un risque de "génocide".

"Ces groupes ont proliféré, imposant de facto une partition (du pays) et faisant de la prédation économique un élément central de leur stratégie", explique Enough Project qui cartographie quatorze milices et quatre groupes politico-militaires.

Le "contrôle des ressources naturelles" de la Centrafrique, un pays riche en or et diamants, notamment, nourrit des "luttes fratricides" entre groupes armés, ajoute le rapport du think tank américain dont le but la fin des génocides et crimes contre l'humanité, notamment en Afrique.

L'ex-colonie française de 4,5 millions d'habitants a basculé dans la guerre civile en 2013 après le renversement du président François Bozizé par la coalition de la Séléka qui affirmait défendre les quelque 20% de musulmans, entraînant une contre-offensive des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.

Le rapport fait comprendre que cette lecture confessionnelle du conflit n'est plus la seule valable car certains groupes armés, autrefois ennemis, s'allient ponctuellement "selon un agenda politique propre".

"Depuis 10 mois, l'alliance formée par trois factions de l'ex-Séléka et un groupe anti-balaka est à l'origine de l'essentielle des flambées de violence en Centrafrique", explique ainsi Nathalia Dukhan, auteur du rapport.

Cette coalition regroupe le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), le Mouvement patriotique centrafricain (MPC), le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC) et les anti-balaka dits tendance Mokom, du nom de leur leader, Maxime Mokom.

"En contrôlant de larges parties du territoire, ces chefs de groupes armés ont imposé un système qui leur bénéficie ainsi qu'à leurs soutiens, au détriment de la population", explique le rapport.

De nouvelles factions armées émergent "à une fréquence alarmante" et la crise "s'approfondit de jour en jour", ajoute la chercheuse.

L'ex-Séléka s'est ainsi divisée en huit groupes armés, tandis que les milices anti-balaka se sont divisés en quatre groupes distincts.

Chacune de ces entités "constitue des foyers importants de recrutement de la jeunesse rurale".

"Ce rapport est le fruit de plus d'un an de recherche, de collecte d'information sur le terrain auprès d'acteurs centrafricains, notamment certains leaders et combattants de groupes armés et d'auto-défense, ainsi que d'acteurs internationaux", indique son auteur.

Sa publication intervient alors que des tueries ont fait au moins 60 morts depuis début juillet de Bangassou et Gambo (sud-est) à Ngaoundaye (nord-ouest) en passant par Alindao (sud).

"Les signes avant-coureurs de génocide sont là", a averti lundi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Stephen O'Brien.

L'intervention de la France (2013-2016) et de la Mission des Nations unies (Minusca, 12.500 hommes) a permis un retour au calme dans la capitale Bangui mais pas dans l'intérieur du pays.

Avec AFP

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