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Le cannabis, autre protagoniste de l'élection américaine


L'Arizona, la Californie, le Maine, le Massachusetts et le Nevada organisent le 8 novembre des référendums sur la légalisation de la marijuana pour un usage récréatif.
L'Arizona, la Californie, le Maine, le Massachusetts et le Nevada organisent le 8 novembre des référendums sur la légalisation de la marijuana pour un usage récréatif.

Au bleu des démocrates et au rouge des républicains qui coloreront la carte électorale des Etats-Unis, pourrait se mélanger un vert de plus en plus répandu: neuf Etats voteront le même jour que la présidentielle sur la légalisation du cannabis.

En plus du féroce duel entre Hillary Clinton et Donald Trump, l'Arizona, la Californie, le Maine, le Massachusetts et le Nevada organisent le 8 novembre des référendums sur la légalisation de la marijuana pour un usage récréatif, ainsi que la régulation de sa production et du commerce potentiellement très juteux de la feuille étoilée. De telles initiatives ont déjà été approuvées dans quatre Etat ainsi que dans la capitale Washington.

L'Arkansas, la Floride et le Dakota du Nord voteront eux sur l'autorisation de son usage thérapeutique, déjà légal dans 25 Etats et dans la capitale, tandis que le Montana décidera d'un possible assouplissement des conditions de vente du cannabis pour usage médical.

Les Etats-Unis sont les plus gros consommateurs de drogues au monde et pour beaucoup de ses défenseurs, la légalisation du cannabis pourrait contribuer à mettre fin à des décennies d'une "guerre contre la drogue", essentiellement centrée sur l'Amérique latine, qui a fait des milliers de morts sans réduire la consommation.

Le cannabis est la drogue la plus populaire aux Etats-Unis, où 57% des habitants sont pour sa légalisation, selon une étude du Pew Research Center. En 2006, ils n'étaient que 32%.

Etat montagneux de l'ouest des Etats-Unis, le Colorado a été le premier à légaliser le marché du cannabis à usage récréatif en 2012. Une victoire du "oui" dans les cinq Etats à voter sur son usage récréatif mardi, surtout dans les géants que sont la Californie et la Floride, rendrait "inévitable" une expansion à d'autres Etats de la légalisation, estime Troy Dayton, co-fondateur et dirigeant de Arcview Market Research, un cabinet de recherche spécialisé dans ce secteur.

- 'Hippies' -

Même si aux yeux des autorités fédérales, la vente et la consommation de cannabis restent illégales, le marché est déjà très lucratif aux Etats-Unis, avec 4,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2014, dont 92% correspondent aux ventes destinées à l'usage thérapeutique.

En 2020, ce chiffre d'affaires pourrait atteindre 20 milliards de dollars, dont 53% viendraient de l'usage récréatif. Dans la seule Californie, une économie au poids comparable à celui de la France, ce secteur pourrait représenter 6,4 milliards de dollars d'ici 2020.

"Il ne s'agit pas d'un débat sur les hippies", a lancé le numéro deux de l'exécutif californien Gavin Newsom. "Il est temps de le légaliser, il est temps de le soumettre à l'impôt, il est temps de réguler l'usage du cannabis pour les adultes en Californie", a-t-il martelé.

Les opposants à sa légalisation craignent toutefois qu'elle fasse grimper le nombre de toxicomanes, surtout chez les jeunes et les mineurs et que les accidents de la route provoqués par des chauffards drogués augmentent.

Et tous les pro-cannabis ne voient pas forcément la légalisation d'un bon oeil, redoutant l'arrivée d'énormes groupes, à l'image des géants du tabac, dans le secteur.

"Il y aura toujours un marché pour le cannabis artisanal et les produits haut de gamme parce que comme pour le café, la bière ou le vin, il existe une culture de dégustation", nuance Troy Dayton.

Les grands groupes ne pourront s'abattre sur le marché que lorsque le cannabis sera légalisé au niveau fédéral, ce qui n'arrivera pas avant au moins cinq ans, estime-t-il. "Cela laisse le temps aux acteurs de petites et moyennes tailles d'occuper un marché pesant plusieurs milliards de dollars", dit-il à l'AFP.

Pour l'instant, les différences de régulation entre Etat et l'interdiction au niveau fédéral empêchent les grands groupes d'entrer sur ce marché. De nombreuses banques sont notamment régies par les règles fédérales et refusent donc de gérer des comptes liés à ces activités.

Aussi bien Hillary Clinton que Donald Trump se sont dits en faveur de la légalisation de l'usage thérapeutique de la marijuana mais pas récréatif.

Dès le 8 novembre pourtant, si le "oui" l'emporte dans les neufs Etats en jeu, 84 millions d'Américains viendront déjà grossir les zones "vertes" favorables au cannabis aux Etats-Unis.

Avec AFP

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