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L'armée camerounaise a abattu 9 civils en zone anglophone, selon une ONG


Des éléments de l'armée camerounaise patrouillent dans la ville de Buea, dans la région anglophone du sud-ouest, au Cameroun, le 4 octobre 2018.
REUTERS/Zohra Bensemra
Des éléments de l'armée camerounaise patrouillent dans la ville de Buea, dans la région anglophone du sud-ouest, au Cameroun, le 4 octobre 2018. REUTERS/Zohra Bensemra

L'organisation internationale de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a accusé jeudi l'armée camerounaise d'avoir tué "au moins neuf civils" le 10 janvier dans les zones anglophones en proie à un sanglant conflit séparatiste.

L'armée, qui combat depuis près de quatre ans des groupes armés indépendantistes dans deux régions de l'ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise, avait démenti dès le lendemain, assurant seulement avoir tué "quelques terroristes" dans le village de Mautu.

"Une cinquantaine de soldats arrivés à pied (...) ont commencé à tirer sans discernement alors que les gens prenaient la fuite", affirme dans un communiqué HRW, citant de nombreux témoins et des ONG locales. Les soldats "ont tué au moins neuf civils" dont "une femme de 50 ans et une fille de 6 ans", précise l'ONG. Elle accuse en outre les militaires d'avoir "pillé des dizaines de foyers" de Mautu.

Le jour même du drame, plusieurs vidéos et photos avaient été postées sur les réseaux sociaux, dont une montrant une femme et une enfant manifestement tuées par balles et une autre plusieurs hommes gisant au sol. HRW assure avoir "pu faire correspondre les victimes filmées avec les descriptions des victimes dont il a été établi qu'elles avaient été tuées" et conclut que les vidéos "ont bien été tournées dans les heures suivant l'attaque".

Dès le 11 janvier, l'armée avait assuré dans un communiqué que des militaires avaient "mené un raid préventif sur les positions de groupes terroristes" à Mautu, dans la région du Sud-Ouest, lesquels "avaient immédiatement ouvert le feu sur eux". Dans la riposte, "quelques terroristes ont été neutralisés" au cours d'une opération menée "dans le strict respect des règles d'engagement", selon l'armée, qui avait cependant annoncé "une enquête minutieuse". Ses résultats n'ont pas été rendus publics à ce jour.

Les ONG internationales et l'ONU dénoncent régulièrement des crimes et exactions commis sur les civils par les deux camps, séparatistes armés et militaires, dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le 12 janvier, la France avait "condamné" le meurtre de "huit civils" à Mautu, appelant les autorités à "faire toute la lumière" sur "un crime injustifiable", sans en attribuer à quiconque la responsabilité. Le 15 juillet, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, avait "pris note de la volonté du gouvernement d'ouvrir une enquête" sur ce drame qui avait fait "au moins 10 morts parmi les civils".

Les civils sont fréquemment victimes de crimes et d'exactions des deux camps, selon des ONG internationales et l'ONU. Ce conflit a fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.

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