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Peu d'engouement des Camerounais pour l'inscription sur les listes électorales


Un homme s'inscrit sur les listes électorales à Bafoussam, au Cameroun, le 5 janvier 2018.
Un homme s'inscrit sur les listes électorales à Bafoussam, au Cameroun, le 5 janvier 2018.

Au Cameroun, le processus de l’inscription des électeurs pour les présidentielles 2018 est en cours. Cependant l’Elecam, l'organe en charge des élections rencontre à la fois l'apathie des électeurs et les défis dus à l'insécurité dans certaines parties du pays.

Au marché Mfoundi à Yaoundé, des membres de l’Elecam, l'organe de gestion des élections du Cameroun, vont d'un magasin à l'autre pour convaincre les électeurs de s’inscrire sur les listes électorales. Mais tout le monde n'est pas convaincu. Winifred Bwei, une femme d'affaires de 34 ans, a décidé de ne pas s'inscrire :

«Lors de la dernière élection en 2013, je suis allé voter mais j’ai vu que quelqu’un avait déjà voté pour moi ! Et je n’étais pas la seule dans ce cas ! Les partis politiques se plaignent que les élections sont toujours truquées par le gouvernement au pouvoir, donc je ne pense pas que mon vote changera quoi que ce soit. "

>> Lire aussi : Julius Ayuk Tabe, leader de l’Ambazonie, arrêté au Nigeria

Le Cameroun prévoit d'organiser des élections locales, parlementaires et présidentielles à partir de septembre prochain. Si ces scrutins sont tenus séparément, les élections pourraient se poursuivre en octobre. Pour beaucoup de Camerounais, il n’y a aucun suspens si le président Paul Biya cherche à se faire réélire. C’est l'un des chefs d'Etat les plus anciens d'Afrique. Le parti au pouvoir contrôle le parlement et la plupart des conseils locaux depuis des décennies.

Des membres d'ELECAM encouragent la population de Bafoussam à s'enregistrer, le 5 janvier 2018
Des membres d'ELECAM encouragent la population de Bafoussam à s'enregistrer, le 5 janvier 2018

Les fonctionnaires de l'Elecam, qui sont nommés par le président, ont rejeté les allégations de truquage des élections.

Outre l'apathie des électeurs, ces fonctionnaires sont aussi en butte à l'insécurité dans plusieurs régions du pays. Le Cameroun connaît actuellement des tensions dans ses deux régions anglophones où les séparatistes ont déclaré l’indépendance d’un nouvel Etat : l’Ambazonia. La crise qui a duré toute l'année a donné lieu à des troubles violents.

L'inscription des électeurs a été suspendue dans certains endroits comme la division Manyu, dans le sud-ouest du Cameroun, où des affrontements ont régulièrement eu lieu entre l’armée et les séparatistes.

Pendant ce temps, le Cameroun continue aussi de lutter contre Boko Haram dans sa région de l'Extrême-Nord. Les attentats suicides qui se sont intensifiés à la mi-2017 ont diminué, mais beaucoup de gens ne sont pas encore rentrés chez eux.

Au 30 novembre, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a dénombré 240 000 personnes déplacées au Cameroun, presque toutes dans le Grand Nord.

Paulin Djorwe, responsable du parti de l'opposition, Le Mouvement pour la défense de la République, témoigne que le conflit de Boko Haram a empêché les gens de s'inscrire sur les listes électorales.
"Ce précieux sésame se fait très rare" confie-t-il. "Surtout que plusieurs centres d'identifications ont été fermés dans nos zones. Si les autorités veulent que les Camerounais s'inscrivent massivement, il faut ré-ouvrir ces centres."

L’Elecam affirme qu'elle ne peut pas se rendre dans les zones de conflit dans le nord et dans certaines villes et villages des régions anglophones. L'inscription des électeurs ne pourra commencer qu’une fois que l'armée aura déclaré ces zones sûres.

L'objectif de l'’Elecam est d'enregistrer 10 millions de personnes sur les 12 millions estimées en âge de voter. Jusqu'à présent, 6,5 millions d'électeurs se sont inscrits.

Abdoulaye Babale, le directeur de l'ELECAM, affirme qu'ils vont intensifier leurs efforts :

«Nous développons une nouvelle stratégie : dans les zones rurales, généralement les gens prennent leur temps, nous allons envoyer des caravanes pour les informer longtemps à l'avance. Ensuite nous impliquerons les chefs de villages et la société civile pour nous aider parce que le temps presse. Dans la plupart des grandes villes, nous avons aussi nos caravanes et [nous allons] multiplier nos contacts afin de convaincre autant d'électeurs que possible. "

Aucune date n'a été fixée pour les sondages. La fin de l'inscription des électeurs est prévue le jour où le président Paul Biya fera cette annonce. Le président peut également reporter les élections si le calme ne revient pas dans les régions anglophones et dans l’Extrême-nord.

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