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Burkina Faso : La révolution a-t-elle été volée avec les militaires aux commandes?


Le lieutenant-colonel Issac Yacouba Zida a été nommé Premier ministre de la transition au Burkina Faso mercredi 19 novembre 2014.
Le lieutenant-colonel Issac Yacouba Zida a été nommé Premier ministre de la transition au Burkina Faso mercredi 19 novembre 2014.

Les Burkinabè ont réagi de façon diverse à la nomination du lieutenant-colonel Isaac Zida au poste de Premier ministre de la transition

Certains se posent la question sur le maintien des militaires au pouvoir malgrè le combat mené par la sosicété civile et les partis d’opposition à Blaise Compaoré qui a fui le 31 octobre à la suite d’une série des manifestations populaires appelées par ces deux entités.

Etienne Traoré, un leader de l'opposition, considère la nomination de Zida à la tête du gouvernement de transition comme une "récupération du soulèvement populaire".

Comme lui, certains Burkinabè pensent que la révolution de populaire menée par la jeunesse est en train d’étre volée par des proches de Compaoré.

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Car, bien que nommé par consensus, le président de la transition, Michel Kafando avait travaillé pendant plus de quinze années, avec Compaoré, comme diplomate puis ambassadeur du Burkina aux Nations Unies.

En lice avec des candidats présentés par différentes parties, Kafando était, en fait, le candidat de l’armée au cours de difficiles négociations qui ont précédé la mise en place des autorités de la transition.

De là, certains voient que la nomination de Zida -numero deux de la sécurité de Compaoré jusqu'à la fuite de ce dernier- comme Premier ministre n'était pas tellement une surprise.

"Il ne restait plus que Kafando nomme un élément de la garde présidentielle comme Premier ministre pour couronner cette mascarade", a réagi Philippe Edouard Kaboré, 26 ans, soutenant que la jeunesse qui a mené la révolution ne sera pas d’avis contraire.

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La société civile avec les partis politiques, appuyés par une pression internationale, se sont battus, pendant les deux semaines qui ont suivi la chute de Compaoré et durant lesquelles l'armée avait le total contrôle au Burkina Faso, pour que le pouvoir soit rendu aux civils et demeure civil durant la transition. Ils semblent avoir perdu leur battaille.

Avec la nomination de Zida, les avis sont partagés au sein de la société civile et des partis poliques.

Ceux qui soutiennent la nominatinon estiment que Zida et l’armée ont leur place au sein des institutions de la transition dans le respect des clauses de la Constitution de la transition.

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“La charte de la trasntition ne précise pas que le Premier ministre soit un militaire ou un civil. Zida est un Burkinabè comme tout le monde. Si le président pense que c'est l'homme qu'il faut, moi je n'ai pas de difficulté ", a déclaré Ablassé Ouédrago, l'un des ténors de l'opposition à Compaoré.

"Nous sommes inquiets, mais pas plus que ça", a déclaré à l'AFP Me Guy Hervé Kam, le porte-parole du Balai citoyen, un mouvement dont les capacités de mobilisation de la jeunesse ont compté dans la chute du président Blaise Compaoré le 31 octobre.

Le lt-colonel Zida avait été porté au pouvoir par l'armée le 1er novembre, "pour conduire la transition", et il est resté l'homme fort du pays jusqu'à la nomination du président civil Michel Kafando lundi.

"Je ne suis pas dans la dynamique de juger des gens qui n'ont pas posé d'action", a déclaré Sams'K le Jah, chanteur et co-fondateur du Balai citoyen, pour qui le fait que M. Zida devienne Premier ministre ne pose pas de problème en soi.

Thomas Sankara "a été militaire, pourtant il a travaillé pour ce pays", a-t-il observé. "A l'inverse, des civils ont été pires que des militaires".

Sankara, président révolutionnaire idéalisé au Burkina Faso, resté 4 ans au pouvoir de 1983 à 1987, avait été renversé et tué dans un coup d'Etat organisé par son frère d'armes Blaise Compaoré.

"Il va falloir voir dans quelle mesure cette nomination est de nature à changer l'orientation de la transition", a commenté Siaka Coulibaly, politologue et membre de la société civile.

La charte de transition, la constitution intérimaire, votée par armée et civils et entérinée samedi, n'a pas défini les attributions du président et du Premier ministre, a-t-il observé.

"On ne sait donc pas si le Premier ministre est un fusible, protocolaire, ou s'il aura véritablement du pouvoir", a analysé M. Coulibaly.

Le lt-colonel Zida a été nommé mercredi par le président intérimaire Michel Kafando, qui était lui-même l'un des candidats de l'armée au poste de chef de la transition.

"Quand vous regardez le contexte burkinabè, les militaires ont tenu le pouvoir pendant tellement longtemps qu'on ne peut pas démilitariser le pays du jour au lendemain", a estimé Fernand Sanou, un sociologue de l'université de Ouagadougou.

Le lt-colonel Zida a "montré des compétences" durant ses trois semaines au pouvoir, a jugé M. Sanou. "Il faut que les gens aient de la patience."

Après son indépendance en 1960, la Haute-Volta (devenu Burkina Faso en 1984) a connu une série de coup d'Etat militaires à partir de 1966.

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