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Le Congrès brésilien a voté un décret polémique sur la sécurité à Rio


Des habitants regardent un policier passé lors d'une opération anti-drogues dans la favela de la Cité de Dieu à Rio de Janeiro, Brésil, le 20 novembre 2016
Des habitants regardent un policier passé lors d'une opération anti-drogues dans la favela de la Cité de Dieu à Rio de Janeiro, Brésil, le 20 novembre 2016

Un décret qui transfère à l'armée le commandement des forces de sécurité de l'Etat de Rio de Janeiro a été officiellement validé par le Congrès brésilien en dépit de craintes sur d'éventuelles violations des droits de l'Homme.

Dans la nuit de mardi à mercredi, après plusieurs heures de débat, le Sénat a approuvé haut la main par 55 voix contre 13 le décret pris vendredi par le président Michel Temer.

La veille au soir, la chambre des députés avait fait de même, par 340 voix contre 72, même si des parlementaires de gauche avaient tenté de faire reporter le vote, réclamant que le gouvernement précise l'origine des fonds utilisés pour financer les opérations de sécurité chapeautées par l'armée.

Cette mesure extrême, inédite depuis la fin de la dictature militaire (1965-1985), a été prise pour endiguer une escalade de la violence qui touche cet Etat du sud-est du Brésil depuis de nombreux mois, alors que l'armée et la police sont déjà en train de mener des opérations contre le crime organisé et de contrôler les voies d'accès à l'Etat de Rio.

"Quand nous voyons des délinquants qui braquent un stand de hot dogs dans la rue avec un fusil d'assaut, on se rend compte de la gravité de la situation. La population a peur", a affirmé le sénateur Eduardo Lopes, du PRB (droite), parti du maire évangélique de Rio Marcelo Crivella.

Le décret place les forces de police de Rio, qui dépendent normalement de chaque Etat, sous la tutelle du général Walter Souza Braga Netto, directement subordonné au président Temer et non plus aux autorités locales.

Ce général, qui avait déjà été à la tête du dispositif de sécurité des jeux Olympiques de Rio en 2016, sera aux commandes des forces de l'ordre jusqu'au 31 décembre 2018, la fin du mandat du président Temer.

- 'Mesure intempestive' -

Mais très peu de détails ont été fournis jusqu'ici par le gouvernement au sujet de l'application de cette mesure, qui suscite de nombreuses critiques.

"C'est une mesure extrême et inappropriée qui préocccupe car elle met en péril les droits de l'Homme", a affirmé mercredi Jurema Werneck, directrice de l'antenne brésilienne d'Amnesty International, lors d'une conférence de presse à Rio.

"Qu'y a-t-il derrière cette mesure intempestive, non planifiée, qui, selon certains juristes, viole la Constitution?", a-t-elle demandé.

De vives critiques ont fusé après des déclarations du ministre de la Défense laissant entendre la possibilité de "perquisitions collectives", autorisant à fouiller des quartiers entiers et non plus le seul domicile visé par un mandat.

"Le code pénal n'autorise pas les mandats de perquisition collectifs ou génériques. Au contraire, il exige la plus grande précision possible sur les domiciles ciblés", a réagi sur Twitter Daltan Dallagnol, procureur en charge de l'opération "Lavage-Express", la plus grande enquête anticorruption de l'histoire du pays.

"Ces mandats collectifs pourraient aussi être émis dans les locaux du Congrès, où, proportionnellement, pèsent beaucoup plus de soupçons que sur les habitants des quartiers pauvres de Rio, innocents dans leur grande majorité", a-t-il conclu

Avec AFP

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