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Au Ghana, lueur d'espoir chez les producteurs de cacao


Vue de Mampong, dans la région orientale où sont situées les fermes de cacao Tetteh Quarshie et Jubilee le 14 juin 2019.
Vue de Mampong, dans la région orientale où sont situées les fermes de cacao Tetteh Quarshie et Jubilee le 14 juin 2019.

Kwame a du abandonner sa plantation de cacao pour aller travailler à Accra. Mais quand le gouvernement du Ghana a annoncé exiger un prix minimum d'achat des fèves de cacao sur les marchés la semaine dernière, il s'est pris à rêver d'un retour à la terre.

"Si le gouvernement augmente les prix, alors les agriculteurs pourront payer des fertilisants, payer des désherbants, employer plus de paysans, et pourront ainsi augmenter leur production", se réjouit-il. "Et si la production augmente, ça veut dire plus d'argent, puisque les prix montent".

La semaine dernière, le Ghana et la Côte d'Ivoire, les deux principaux producteurs de cacao au monde, ont menacé de suspendre les ventes de fèves jusqu'à l'instauration d'un prix minimum: 2.600 dollars la tonne.

Une façon, ont expliqué les responsables des deux pays, de mettre fin à la situation "déraisonnable", qui voit les cacaotiers récolter à peine 6% des 100 milliards de dollars générés par l'industrie du chocolat.

Le Ghana et la Côte d'Ivoire suspendent leurs ventes de cacao
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Une mesure accueillie avec bienveillance par Alhaji Alhassan Bukari, responsable du syndicat des agriculteurs.

"Nous n'avons rien à vendre, à part le cacao. Donc si les gouvernements ont pensé aux producteurs, s'ils se rassemblent pour lutter pour les producteurs, nous les soutenons", explique-t-il à l'AFP.

Pour le Ghana, qui compte 29 millions d'habitants, le commerce du cacao est une affaire importante: il emploie environ 800.000 familles, selon le Conseil national du Cacao (Cocobod), et contribue largement au budget de l'Etat.

Recherche du "juste prix"

"Nos gouvernements se sont mis d'accord pour offrir aux agriculteurs une juste part de la richesse produite par l'industrie", a déclaré Mahamudu Bawumia, le vice-président du Ghana, à l'issue d'une rencontre avec des agriculteurs, des négociants et des industriels à Accra mi-juin.

"Un juste prix des fèves de cacao serait une grande aide pour appuyer les investissement du gouvernement dans les infrastructures rurales, et pour améliorer les condition de vie", a-t-il ajouté.

Mais les fermiers ne sont pas les seuls concernés par ces discussions sur les prix.

Dans un pays où seules deux compagnies produisent du chocolat, ces dernières années ont vu se multiplier les nouveaux chocolatiers et autres entrepreneurs du cacao. Et eux aussi ont un intérêt dans le prix de la fève.

Et une hausse des prix fait craindre un ralentissement d'activité, comme l'explique Chef Selassie Atadika, à la tête de la Midunu, une entreprise de chocolats artisanaux, qui espère qu'"un prix minimum va aider les producteurs". Mais aussi que cela n'aura pas un impact trop fort sur les fabricants comme elle.

"Les problèmes restent", ajoute la femme d'affaire, "et ce même si le prix des fèves de cacao ne change pas - le prix du sucre, de la poudre de lait, et l'électricité jouent un rôle énorme dans la capacité des chocolatier à faire du chocolat".

Du cacao au chocolat

Le conseil national du cacao a indiqué à l'AFP qu'une subvention existe pour les fabricants locaux qui utilisent les fèves de la seconde récolte de l'année - plus petites - tandis que la première part sur les marchés internationaux.

"Ce qui aurait un vrai impact sur les fabricants locaux", explique Kristy Leissle, spécialiste du cacao, "ce serait un assouplissement de la régulation sur la vente et l'achat de la récolte principale, cela ouvrirait de nouvelles opoportunités" au niveau national.

Une solution à long terme pour les fermiers comme pour les fabricants pourrait être, espèrent plusieurs interlocuteurs, de transformer la matière première ici même, sur le sol ghanéen.

"Tant que nous ne sommes pas capable de fabriquer le produit fini, nous ne seront pas dans la meilleure position", explique Chef Selassie Atadika. "Nous devons générer de la valeur ajoutée au Ghana, pour pouvoir envoyer les meilleurs produits possible depuis ici".

Ruth Amoah, qui fabrique du chocolat de haute qualité pour une clientèle triée sur le volet ne dit pas le contraire, et se réjouit de la hausse annoncée des prix du cacao, preuve de la force de son pays.

"Si vous produisez le meilleur cacao", lance-t-elle, "vous devriez aussi produire le meilleur chocolat".

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