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L'unité de l'ex-opposition gabonaise à l'épreuve de la "transition" militaire


Albert Ondo Ossa avait été désigné laborieusement, à six jours seulement du scrutin, "candidat consensuel" de la plateforme Alternance 2023.
Albert Ondo Ossa avait été désigné laborieusement, à six jours seulement du scrutin, "candidat consensuel" de la plateforme Alternance 2023.

Après le coup d'Etat au Gabon, l'ancienne opposition au président Ali Bongo est tiraillée entre son champion Albert Ondo Ossa, qui revendique mordicus la victoire à la présidentielle du 26 août, au risque de s'isoler, et ceux qui n'entendent pas rester spectateurs de la "transition" militaire.

"La situation actuelle apporte beaucoup de confusion", lâche Bernard Christian Rekoula, une figure de la société civile. Mais "ce sur quoi nous sommes unanimes, c'est la satisfaction que ce ne soit plus un Bongo au pouvoir", résume l'opposant réfugié en France.

Depuis cinq jours, le général Brice Oligui Nguema, à la tête de la junte qui a chassé du pouvoir Ali Bongo Ondimba moins d'une heure après l'annonce de sa réélection à la présidence du pays qu'il dirigeait depuis 14 ans, pose les jalons d'une "transition" dont il n'a toutefois pas fixé la durée, avant des "élections libres et transparentes".

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Face au patronat, à la société civile, aux partis politiques, aux journalistes, aux religieux, le nouvel homme fort du pays, qui doit prêter serment en tant que "président de la transition" lundi, a dénoncé la "corruption" systématique du clan Bongo, promis des "institutions plus démocratiques et respectueuses des droits humains", une nouvelle Constitution, et un nouveau code électoral.

Fermant ainsi la porte à M. Ondo Ossa qui l'exhorte à lui céder le pouvoir en assurant avoir remporté la présidentielle "annulée" par les putschistes qui arguent qu'elle a été entachée de "fraudes" massives. Il avait été désigné laborieusement, à six jours seulement du scrutin, "candidat consensuel" de la plateforme Alternance 2023, qui comptait cinq autres ténors de l'opposition comme prétendant à la magistrature suprême.

Faisant état notamment de supposés liens familiaux entre MM. Oligui et Bongo, il dénonce une "révolution de palais" plutôt qu'un coup d'Etat, et la perpétuation du "système Bongo" par le biais du général qu'il n'a toutefois pas exclu de rencontrer. Des saillies qui passent mal auprès de plusieurs militants interrogés.

Dimanche, les ténors de la coalition Alternance 2023 ont été chaleureusement reçus, en son absence, par le général Oligui au palais présidentiel, selon des images des télévisions publiques. Il y a "deux personnages importants au Gabon, celui qui a la force, le général Oligui, et celui qui a la légitimité, Albert Ondo Ossa. Je peux vous dire avec certitude que ce dernier a gagné les élections, et les militaires le savent", assure Anges Kevin Nzigou, avocat et ex-candidat aux législatives du 26 août.

"Bénéfice du doute"

"Quand une épreuve du bac est fraudée quelque part, le bac est annulé pour tout le monde, on ne vient pas se plaindre" en disant "j'avais 8 ou 18", "attendez la prochaine épreuve et vous aurez 18", a rétorqué M. Oligui dans un échange avec la presse diffusé sur les télévisions publiques.

Dans les rangs des partis d'Alternance 2023, de premières fissures apparaissent, certains jugeant "radicale" l'exigence de M. Ondo Ossa, craignant aussi de manquer le train de la transition. "Il faut être dans le jeu", confie un membre important du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM). Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre d'Ali Bongo, et rival de M. Ondo Ossa dans Alternance 2023 avant de se désister pour lui, a publiquement pris à contrepied le professeur d'économie, qui exige d'achever le décompte des bulletins.

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"Demander un recomptage des voix n'est pas raisonnable, on ne peut pas se fier à ce genre de matériaux" puisque toute les opérations de vote ont été frauduleuses, justifie-t-il auprès de l'AFP. "Nous devons discuter avec les militaires, qu'ils ne s'enferment pas en nous reprochant de ne pas" avoir participé à la transition, estime-t-il. "On ne doit pas leur faire de procès d'intention", ajoute M. Ndong Sima qui plaide pour une transition de "24 mois maximum" et se dit "intéressé par la prochaine présidentielle" à laquelle "les militaires ne doivent pas participer".

L'union derrière M. Ondo Ossa "n'a plus lieu d'être" car "pour beaucoup, c'était un choix par défaut que le pouvoir a imposé" avec un mode de scrutin taillé sur mesure pour Ali Bongo, souligne M. Rekoula. "A la lumière des discours et des premiers actes posés par le général Oligui, nous osons lui accorder le bénéfice du doute" tout en "observant" sans "contester pour contester", dit M. Rekoula, partisan d'une transition "la plus courte possible", mais sans lui accorder un "blanc seing" pour autant.

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