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Assassinat rocambolesque du demi-frère de Kim Jong-Un : procès en Malaisie lundi


La police escorte l’indonésienne Siti Aisyah, au centre, suspectée dans l’assassinat de Kim Jong-Nam, au tribunal de Sepang, Malasie, 13 avril 2017.
La police escorte l’indonésienne Siti Aisyah, au centre, suspectée dans l’assassinat de Kim Jong-Nam, au tribunal de Sepang, Malasie, 13 avril 2017.

Deux jeunes femmes accusées de l'assassinat en Malaisie du demi-frère en disgrâce du dirigeant de la Corée du Nord sont jugées à partir lundi pour ce mystérieux crime aux relents de guerre froide qui avait provoqué une crise diplomatique.

L'Indonésienne Siti Aisyah et la Vietnamienne Thi Huong ne se sont guère exprimées en public depuis leur arrestation après l'homicide perpétré le 13 février à l'aéroport international de Kuala Lumpur, où Kim Jong-Nam attendait un avion pour Macao, l'ancien comptoir portugais devenu le paradis des casinos dans le sud de la Chine.

Agées d'une vingtaine d'années, elles sont accusées d'avoir projeté au visage du demi-frère de Kim Jong-Un un agent neurotoxique, le VX, version hautement mortelle du gaz sarin considérée comme une arme de destruction massive. La victime est morte au bout d'une vingtaine de minutes d'agonie.

L'affaire avait provoqué une crise diplomatique majeure entre la Corée du Nord et la Malaisie, l'un des rares alliés de Pyongyang alors que le pays reclus est dans le collimateur de la communauté internationale pour ses essais de missiles et d'armes nucléaires en violation des résolutions de l'ONU.

Les accusées, qui risquent la peine de mort, ont nié tout au long de l'enquête avoir voulu commettre un assassinat. Elles ont répété avoir été trompées, qu'elles croyaient participer à une émission de télévision du style "caméra cachée".

Les avocats de la défense affirment que les véritables coupables ont fui la Malaisie et accusent le parquet de chercher à obtenir un verdict de culpabilité quel qu'il soit en poursuivant leurs clientes.

Depuis février, les deux jeunes femmes à la frêle stature ont comparu devant des tribunaux pour de courtes audiences procédurales, à chaque fois sous bonne escorte, menottées et portant des gilets pare-balle.

Le procès qui s'ouvrira lundi devant la Haute Cour à Shah Alam, un district proche de l'aéroport à la périphérie de Kuala Lumpur, sera scruté de près. Les accusées devraient plaider non coupable avant que le procureur ne présente l'acte d'accusation.

De nombreuses questions sur ce crime hors normes restent toujours sans réponse: comment deux femmes vivant dans des conditions précaires comme de nombreux migrants en Malaisie ont-elles pu être impliquées dans l'assassinat d'un tel personnage? Comment une substance aussi mortelle que le VX a-t-elle pu être utilisée dans un aéroport sans faire d'autre victime que Kim?

Dès le début de l'affaire, la Corée du Sud a accusé le Nord d'avoir orchestré l'assassinat, ce que Pyongyang a toujours démenti. Kim Jong-Nam était un critique du régime nord-coréen et vivait en exil.

- "Entourée de mystère" -

Dans les mois qui ont précédé le procès, la défense n'a eu de cesse de présenter ses clientes comme des boucs émissaires.

Des personnalités nord-coréennes ayant partie liée à l'affaire ont fui la Malaisie immédiatement après l'assassinat. D'autres ont été autorisées à quitter le pays peu après pour apaiser les tensions diplomatiques entre les deux pays.

Les avocats reprochent au parquet de ne pas leur transmettre des pièces importantes du dossier et critiquent l'enquête."La manière dont la police a mené l'enquête dans cette affaire est entourée de mystère", a déclaré à l'AFP l'avocat d'Aisyah, Gooi Soon Seng, accusant les autorités de ne pas coopérer.

Mais le parquet insiste sur le fait que les deux femmes auront droit à un procès équitable.

"Nous nous baserons sur les preuves", a déclaré à l'AFP le procureur Muhamad Iskandar.

"Nous sommes conscients que la terre entière nous observe, nous ne pouvons pas nous écarter des faits et des preuves", a-t-il insisté.

Trente à quarante témoins seront entendus au cours du procès qui doit durer plus de deux mois.

L'assassinat avait provoqué une crise diplomatique entre Kuala Lumpur et Pyongyang, avec expulsion réciproque des ambassadeurs et interdiction faite aux ressortissants de l'autre de quitter le territoire. Les tensions ne se sont apaisées que lorsque la Malaisie avait accepté de rendre la dépouille de la victime à la Corée du Nord.

Autre conséquence de cette crise: un match de qualification pour la Coupe d'Asie de football en 2019 entre la Corée du Nord et la Malaisie a été repoussé pour la troisième fois cette semaine, en raison de l'interdiction pour les ressortissants malaisiens de se rendre en Corée du Nord.

Avec AFP

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