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Après le coup d'Etat au Niger, la cacophonie diplomatique


Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken avec le président nigérien désormais déchu Mohamed Bazoum.
Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken avec le président nigérien désormais déchu Mohamed Bazoum.

Certains souhaitent une action armée, d'autres privilégient la négociation, quelques uns soutiennent les militaires au pouvoir : après le coup d'Etat du 26 juillet au Niger, les réactions de la communauté internationale tournent à la cacophonie.

Derrière l'immédiate condamnation de façade de l'énième coup d'Etat au Sahel depuis 2020, les réactions des voisins du Niger, du continent africain tout entier et des puissances étrangères majeures – France, Etats-Unis et Russie en tête – témoignent d'une grande perplexité dans les chancelleries.

Les chefs d'état-major des armées ouest-africaines étaient réunis jeudi et vendredi au Ghana pour discuter d'une éventuelle intervention armée, évoquée depuis quelques jours par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

Washington Forum : l'efficacité des sanctions
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Mais au sein de l'organisation, l'unanimité n'existe pas. L'un de ses membres, le Cap-Vert, s'y est ainsi ouvertement opposé. "Nous devons tous oeuvrer pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger, mais en aucun cas par une intervention militaire ou un conflit armé en ce moment", a déclaré la semaine passée son président, José Maria Neves.

Les régimes militaires du Mali et du Burkina, voisins du Niger et membres sous sanctions de la Cedeao, ont de leur côté clairement affiché leur solidarité avec Niamey.

"Escalade"

Solomon Dersso, directeur du groupe de recherche panafricain Amani Africa, craint, comme d'autres, qu'une intervention armée n'ait des "conséquences calamiteuses". Pour lui, les militaires de Niamey et la Cedeao "s'enferment dans un chemin dangereux vers l'escalade". Les importantes sanctions économiques prises par le groupe régional et ses menaces militaires "ont donné à la junte le prétexte pour attiser la ferveur nationaliste des Nigériens et surfer sur les sentiments anticolonialistes", écrivait-il en début de semaine.

De fait, l'opération en question, dont les détails restent inconnus, semble improbable sans soutien de l'Union africaine. Or celle-ci s'est réunie lundi et n'a pas communiqué depuis, signe des divergences en son sein sur le sujet. De leur côté, les deux grandes puissances occidentales impliquées dans le dossier adoptent des positions distinctes.

La Cédéao étudie à Accra l'option militaire contre les putschistes nigériens
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Les Américains, qui conservent quelque 1.100 soldats au Niger pour lutter contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, avec notamment une base de drones, ménagent l'avenir. Sabrina Singh, une porte-parole du Pentagone, a souligné que le Niger était un "partenaire" et devait le rester. "Nous y avons investi dans des bases et nous nous sommes entraînés avec les forces locales. Nous voulons voir une résolution pacifique pour cette démocratie durement conquise".

Les Etats-Unis ont pour principe de ne pas maintenir de coopération militaire avec des régimes venus au pouvoir par un coup d'Etat. "Mais la définition est flexible", souligne pour l'AFP Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Group, un institut de sécurité basé à New York, rappelant que Washington avait notamment continué de travailler en 2014 avec le régime contesté du général Abdel Fattah al-Sissi, en Egypte.
La France avait exprimé il y a une semaine un soutien total à la Cedeao après la validation initiale de l'option militaire. "On est dans une position d'appui, de soutien à la Cedeao", a répété à l'AFP une source diplomatique française. "C’est à elle de prendre ses décisions, que ce soit pour les sanctions civiles, ou pour la menace d'intervention militaire".

Series d’attaques terroristes au Niger depuis le coup d’Etat militaire
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Autant de divergences susceptibles de profiter à l'autre acteur majeur, la Russie. Le groupe paramilitaire Wagner, quoiqu'en froid avec le Kremlin depuis sa brève rébellion en juin dernier et son exil forcé au Bélarus, reste à l'affût.
Jeudi, la diplomatie allemande a réclamé des "sanctions" de l'UE contre "les putschistes" au Niger. Pendant ce temps, les jihadistes poursuivent leur sombre dessein. Ils sont accusés d'avoir tué au moins 17 soldats nigériens et d'en avoir blessé 20 autres mardi, près de la frontière avec le Burkina.

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