Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur la situation en Guinée, pour déterminer si les abus et les violences rapportés - meurtres de civils et viols notamment, sont susceptibles de constituer des crimes relevant de sa compétente : des crimes contre l’humanité par exemple.
Tel est ce qui ressort d’une interview accordée par Emeric Rogier, analyste principal dans le bureau du procureur. La procédure consiste à recueillir, évaluer et analyser toutes les informations disponibles, pour déterminer s’il y a des raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la Cour ont été commis en Guinée, notamment lors des événements du 28 septembre à Conakry.
Sur une base régulière, le bureau du procureur examine des situations dans différents pays du monde sur les cinq continents et la Guinée faisait déjà partie des situations ayant retenu son attention.
Tout le monde peut envoyer, dit-il, des informations par le biais de communications sous article 15 du statut, qu’il s’agisse d’individus, simples citoyens, d’ONG ou même d’organisations internationales, ou de gouvernements.
La cour prend en compte toute information, quel que soit le support utilisé pour la communiquer, pourvu que son authenticité et son sérieux soient établis. Elle prendra le temps nécessaire pour évaluer l’information, à l’effet d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Dans le passé les analyses préliminaires ont pris quelquefois des mois et parfois jusqu’à trois ans.
Sur le front diplomatique, les efforts se poursuivre pour résoudre la crise guinéenne. Le sous-secrétaire d'Etat adjoint pour le Bureau des Affaires Africaines du Département d'Etat Américain, M. William Fitzgerald a récemment rencontré Moussa Dadis Camara. Il a dit avoir discuté avec lui de la transition vers un régime civil.
Le chef de la junte militaire guinéenne « est chargé de cette transition, et il faut continuer jusqu’aux élections présidentielles, (…) législatives et même munipales », a déclaré M. Fitzgerald. Le sous-secrétaire d'Etat adjoint américain a jugé prématurée l’idée d’une force d’intervention pour la Guinée. Celle-ci pourrait peut-être être envisagée dans l’avenir, a-t-il indiqué.
« Toute la communauté internationale parle d’une seule voix lorsqu’il s’agit de l’exigence pour M. Camara et pour les autres membres du CNDD aisi que pour le Premier ministre de respecter la parole qui a été donnée de ne pas se présenter aux élections présidentielles », a déclaré, son côté, Ramtame Lamamra commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union Africaine.