Le soja, plante originaire des régions chaudes du sud-est de l'Asie, est cultivé en Chine depuis plus de 3000 ans. Mais c'est également devenu l'un des piliers de l'agriculture aux Etats-Unis, où l'on en cultive quelques 30 millions d'hectares. Des chercheurs américains ont récemment annoncé le décryptage du génome du soja, un séquençage qui permettra, selon les généticiens, de créer des plantes qui produisent davantage de graines contenant plus de protéines et de lipides.
Selon Scott Jackson, de l'Université Purdue, ce travail permettra de comprendre la capacité de cette plante proche du haricot à transformer le dioxyde de carbone, l'eau, la lumière, l'azote et des minéraux en énergie, en protéines et en nutriments utiles pour l'être humain et les animaux.
L'avantage du soja, souligne le professeur Jackson, c'est que si le maïs épuise le sol, le soja lui, l'enrichi. Ce n'est pas sa seule vertu d'ailleurs. Jusqu'aux années 1950, le soja était surtout cultivé aux États-Unis comme foin. Puis les experts ont découvert qu'en le mélangeant au maïs, on permettait aux poulets d'élevage de se développer beaucoup plus rapidement. Si rapidement que le poulet, un luxe occasionnel jusque là, deviendrait un met courant, son coût à la production ayant rapidement chuté.
Ayant prouvé ses vertus comme nourriture de volaille, le maïs allait à nouveau étonner. « Henry Ford, bien sûr, avait découvert qu'il pouvait fabriquer des couvercles de coffres et des ailes de voitures avec de l'huile de soja » explique le professeur Marty Ross, de la société United Soybean Board, un organisme dirigé par des agriculteurs.
En fait, les chercheurs ont montré que toute une gamme de produits plus inattendus les uns que les autres peuvent être fabriqués à base de soja, renchérit le professeur Jackson. « Tout, depuis les crayons jusqu'au carburant » fait-il valoir.
Parmi les autres produits à base de soja en vente aujourd'hui : des tapis, matériaux pour toitures, encres, colles, etcetera. Et maintenant que le génome de la plante est décrypté, on peut s'attendre à de nouveaux progrès. Les chercheurs vont notamment procéder à l'analyse de dizaines de milliers de variétés de soja, dont des espèces sauvages, afin d'identifier leurs gènes les plus intéressant, qui pourraient entre autre conférer des résistances contre des maladies.
Comme le soja est similaire à d'autres légumes, la recherche pourrait s'appliquer à terme à d'autres plantes, ajoute le professeur Jackson. Ce qui permettrait de renforcer la production agricole à travers le monde, qui va accueillir trois milliards d'êtres humains de plus d'ici à 2050.
« Et c'est quelque chose sur lequel nous travaillons activement avec les enquêteurs dans le monde, à savoir, comment prendre cet énorme investissement placé dans de la graine de soja et l'appliquer au niébé, pois chiche, ambre vade et haricot commun », déclare le professeur Jackson.