Alors que les débats se poursuivent à Copenhague sur ce qu’il faut faire contre le changement climatique, la question divise les agriculteurs ici aux Etats-Unis. La principale organisation de fermiers s’oppose à toute action, au Congrès ou à Copenhague, contre les émissions de gaz à effet de serre.
Mme Gwen Pitt supervise la récolte du coton dans un champ de l’Etat de Caroline du Nord. D’énormes machines compriment le produit en immenses balles. Ce coton est destiné à la fabrication des jeans, dit Mme Pitt, en précisant que l’énorme machine utilisée dans la récolte consomme près de 400 litres de carburant par jour. Et pendant qu’on récolte le coton, on sème du blé dans un champ voisin.
« Les machines fonctionnent en continu… et brulent continuellement du carburant », explique Gwen Pitt, qui comme de nombreux autres fermiers, redoute que les mesures contre le réchauffement climatique se traduisent par une hausse du prix du carburant, mais aussi de celui du gaz naturel, principal ingrédient dans la fabrication de l’engrais.
D’où les efforts de l’American Farm Bureau Federation, la principale organisation de fermiers américains, contre le projet de loi relatif à la lutte contre le réchauffement climatique actuellement devant le Congrès. Bob Stallman est le président de ce syndicat. « Notre marge est bien mince en termes de profit, et tout coût additionnel devra être assumé par les agriculteurs parce que nous ne pouvons pas les passer directement aux consommateurs », explique-t-il, ajoutant qu’au lieu de lutter contre le climat, il faut laisser la nature suivre son cours.
D’autres agriculteurs américains ne sont pas de cet avis. Roger Johnson dirige la Nation Farmers Union, un petit syndicat d’agriculteurs qui appuie la lutte contre l réchauffement climatique. « Tous ces événements nuiront à la production, cela est clair. Mais vous voulez parler d’une augmentation des coûts de productions ? A supposer que vous mettiez vos semences en terre et ne récoltiez rien du tout ! Ça aussi, je l’ai vu », a dit Roger Johnson en rappelant que, selon les experts des récoltes si catastrophiques se feront de plus en plus fréquentes.
Citant les chiffres du ministère américain de l’Agriculture, le président de la National Farmers Union dit que la mise en œuvre des mesures de lutte contre le réchauffement climatique coûtera aux fermiers américains 1% de leurs revenus sur le court terme et 7% sur le long terme.
Les fermiers peuvent faire face à la situation en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, estime Roger Johnson, surtout, dit-il, que l’inaction sur ce front pourrait être plus couteuse encore.