Plus de trois ans après le passage de l’ouragan Katrina, qui a ravagé la ville, la Nouvelle-Orléans (Louisiane) n’a même pas récupéré la moitié de sa population, mais la criminalité y fleurit.
La société CQ Press, qui publie chaque année des rapports sur la criminalité dans les grandes villes du pays, a étudié les statistiques rassemblées par la police fédérale, le FBI. Ses conclusions : la Nouvelle-Orléans a le taux de criminalité le plus élevé du pays. L’année dernière, la ville a recensé 209 meurtres et plus de 19 000 autres crimes, loin devant d’autres localités à la réputation douteuse, telles que Camden dans le New Jersey, Detroit dans le Michigan ou St Louis dans le Missouri.
Voici la Nouvelle-Orléans sacrée « ville la plus dangereuse des États-Unis », un qualificatif qui ne semble pas troubler outre-mesure les responsables municipaux, ni la Commission métropolitaine locale sur la criminalité. Selon le président de ce groupe privé, Rafael Goyeneche, la question n’est pas de savoir si la ville est la plus dangereuse du pays.
« Ce que les gens savent ici, c’est que la criminalité est rampante et ils demandent qu’on s’attaque au problème », explique M. Goyeneche. Selon lui, la Nouvelle Orléans avait des problèmes bien avant le passage de l’ouragan Katrina en août 2005, et malheureusement, les criminels endurcis qui avaient terni sa réputation sont revenus après le désastre. La différence, c’est que la population aujourd’hui fait pression sur la municipalité – le maire, le chef de la police et le procureur général – pour agir, ajoute M. Goyeneche.
« A mon avis, les citoyens regardent de beaucoup plus près le système de justice criminel aujourd’hui qu’avant l’ouragan Katrina » explique-il.
Les autorités ont réagi en éliminant certains des programmes qui se traduisaient par des arrestations fréquentes pour des crimes mineurs, mais empêchaient la police de se concentrer sur des problèmes plus graves. La question de l’abus des stupéfiants a été repensée. Le nouveau procureur envisage la mise en place d’un programme qui détournerait les drogués non violents du système de justice pénale pour les intégrer dans des programmes de réhabilitation, ce qui permettrait de désencombrer les tribunaux.
Bref, il s’agirait de cibler les criminels violents pour s’assurer qu’ils ne seront pas relâchés. En tout cas, la population compte maintenir la pression sur les autorités.