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Pleins feux sur l’informel, moteur caché de la croissance économique en Afrique


En Afrique, le secteur informel représente le gros de l’activité économique dans un grand nombre de pays. Et il peut jouer un rôle important dans la promotion de la croissance et la lutte contre la pauvreté. C’est ce qui ressort des travaux de la 6ème session ordinaire de la commission du travail et des affaires sociales de l’Union africaine, cette semaine, à Addis Abeba ; réunion à laquelle ont participé les ministres du travail de beaucoup de pays d’Afrique ainsi qu’une délégation de l’OIT, l’Organisation internationale du travail, conduite par son directeur général, Juan Somavia.

Selon les statistiques présentées par l’Union africaine, 90% des emplois non-agricoles relèvent du secteur informel dans des pays comme le Cameroun et l’Ethiopie. Et ce secteur représente plus de 60% du produit national brut au Cameroun, au Sénégal, en Tanzanie et au Zimbabwe. Le pays le moins affecté par ce phénomène est l’Afrique du sud où il constitue seulement 30% du PNB.

Bien qu’il soit le moteur caché de la croissance économique en Afrique, les gouvernements l’ont ignoré, pendant longtemps, en raison de leur incapacité à en mesurer l’ampleur. Le secteur informel échappe souvent à la taxation et à toute évaluation scientifique de la part des analystes, note une étude rendue publique à la session. Résultat : on ne le mentionnait qu’en passant.

Il est plus que temps de reconnaître la contribution importante de ce secteur à la promotion de la croissance et la lutte contre la pauvreté, estime la commissaire de l’Union Africaine pour les Affaires sociales, Bience Gawanas. « Cette partie de l’économie a toujours joué un rôle de second plan. Elle a toujours été considérée comme un sous-produit de l’économie formelle », a-t-elle déclaré.

Or, ce secteur est la première source d’emplois pour la plupart des jeunes africains et le seul domaine d’activité rentable pour la grande majorité des femmes en Afrique. Bience Gawanas note, à ce sujet, que 80% des Africaines - contre environ les deux tiers des hommes - sur le continent travaillent dans l’informel. Il y a une prise de conscience progressive de l’importance de ce secteur, souligne-t-elle.

« C’est comparable au fait que les activités des femmes au foyer n’était pas considérées autrefois comme du travail… On n’y attachait aucune valeur. Mais aujourd’hui, grâce aux batailles que nous avons livrées et remportées, le travail des femmes a acquis un certain poids. Nous luttons pour la même reconnaissance au niveau de l’économie informelle », a ajouté madame Gawanas.

Plusieurs participants à la réunion ont préconisé davantage de dérégulation en Afrique pour permettre aux entreprises du secteur informel de sortir de l’ombre. « Beaucoup d’entreprises entrent dans le secteur informel à cause des coûts élevés de l’activité ouverte… notamment le coût très élevé d’obtention d’une patente. Il faut énormément de temps pour l’acquérir, et beaucoup de formalités à remplir. C’est donc très difficile d’opérer dans le secteur forme.

Aussi, les gens choisissent-ils de travailler dans l’ombre », a fait remarquer Azad Jeetun, secrétaire général de la Confédération panafricaine des patrons. La levée des obstacles administratifs à la création des petites entreprises est un facteur crucial dans la lutte contre la pauvreté en Afrique, a-t-il indiqué.

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