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Audiences au Congrès sur la pratique du simulacre de noyade


La Maison-Blanche a reconnu cette semaine, pour la première fois, avoir usé de la pratique du « waterboarding », qui consiste à simuler la noyade, au cours de l’interrogatoire de suspects, dans des affaires de terrorisme. L’exécutif en a défendu la pratique dans certaines circonstances rares, lorsqu’on estime qu’un ou des suspects possèdent des informations sur une menace imminente.

La Maison-Blanche a pris position alors que l’agence centrale du renseignement, la CIA, annonçait avoir utilisé cette technique, qualifiée de torture par les organisations de défense des droits de l’homme contre trois membres présumés d’Al-Qaïda, il y a environ cinq ans.

Devant la commission sénatoriale du renseignement, mardi, le directeur de la CIA, Michael Hayden, est devenu le premier officiel du gouvernement à reconnaître publiquement que la CIA a pratiqué le simulacre de noyade sur Khalid Sheik Mohammed, le cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001, ainsi que sur Abou Zoubaïda et Abd al-Rahim al-Nashiri.

Selon le porte-parole de la Maison-Blanche Tony Fratto, le président George W. Bush a autorisé cette révélation, mettant fin au mutisme officiel de son administration sur les techniques d’interrogatoire des agences américaines.

La décision a été difficile, a reconnu M. Fratto, car en permettant à M. Hayden de révéler au Congrès que cette agence avait usé du simulacre de noyade, on pouvait fournir des renseignements, à l’ennemi sur le programme d’interrogatoire de la CIA.

« Cette décision de permettre au Général Hayden de discuter de cette technique n’a pas été prise à la légère » a déclaré M. Fratto, en faisant valoir qu’elle avait suscité un vif débat.

Pourquoi alors faire ces révélations? Et bien, a expliqué M. Fratto, en raison de la désinformation entourant les pratiques d’interrogatoire de la CIA. La Maison Blanche a estimé qu’il était temps de rétablir la vérité.

Le simulacre de noyade a été approuvé dans des cas très spécifiques, après la mise en place de certains garde-fous. Puis en 2006, la CIA a interdit cette pratique. Elle pourrait être autorisée, à nouveau, à l’avenir, à l'encontre de suspects de terrorisme, a dit M. Fratto, notamment si les autorités ont la conviction qu'une attaque imminente est en préparation. Dans ce cas, le Congrès serait informé, a-t-il ajouté.

Les critiques qualifient toujours le simulacre de noyade de torture. Mais Tony Fratto a fait valoir que son emploi, dans les circonstances qu’avaient approuvé le ministre américain de la justice et le président Bush, était légal.

Au Congrès, le démocrate Dick Durbin de l’Illinois, un membre de la commission sénatoriale du renseignement, a condamné son utilisation, quelles que soient les circonstances. Il a souligné que dans son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde, le département d’État américain critique vivement les pays qui usent de techniques d’interrogatoire « musclées » sur les prisonniers.

« Donc, une fois par an nous jugeons le reste du monde, et condamnons ceux qui pratiquent le simulacre de noyade et des techniques de torture sur leurs prisonniers. Et pourtant, il est clair, après le témoignage du Général Hayden, que nous avons nous-mêmes usé de certaines de ces techniques » a remarqué le sénateur Durbin.

Jeudi, les démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants ont demandé au ministère américain de la Justice d’ouvrir une enquête officielle sur l’usage, par les agents de la CIA, du simulacre de la noyade.

Le ministre de la Justice Michael Mukasey, qui s'est exprimé devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants, a refusé.

« Etes-vous prêt à ouvrir une enquête criminelle pour savoir si le recours confirmé au simulacre de noyade par des agents américains était illégal? », a demandé le président démocrate de la commission, John Conyers. « Non, et pour la raison suivante », a rétorqué M. Mukasey. Ce qui a été fait dans le cadre du programme de la CIA, à l’époque, avait été revu par le ministère de la Justice et jugé légal à l’époque, a-t-il précisé.

Néanmoins, M. Mukasey a reconnu que dans les conditions actuelles, il n’était pas certain que le ministère de la Justice considère le simulacre de noyade légal si la question se présentait à nouveau.

A Genève, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, a critiqué la position de la Maison Blanche, exhortant l'administration Bush à renoncer à défendre ces méthodes d'interrogatoires. Manfred Nowak a dit à l’Associated Press à Genève qu’elles sont « absolument inacceptables, au vu de la législation internationale en matière des droits de l'homme ».

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