D’après une nouvelle étude de l'Institut Guttmacher, spécialisé dans les analyses sociologiques et de santé publique, les avortements ont diminué de 25 % depuis 1990. Ce document a été publié alors que les Américains marquaient, le 22 janvier, le 35ème anniversaire d’un des arrêts les plus importants et controversés de la Cour suprême, Roe v. Wade (1973).
Cet arrêt stipulait que les lois contre l'avortement étaient en violation du XIVe amendement de la Constitution des Etats-Unis garantissant le droit au respect de la vie privée de chaque citoyenne, et devaient être abrogées. En d’autres termes, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) était légalisée dans tout le pays, même si cette décision suscitait un mouvement d'opposition puissant en faveur de valeurs conservatrices.
Trente-cinq ans plus tard, l’avortement est donc nettement en recul dans le pays. Les chercheurs de l'Institut Guttmacher ne savent pas exactement pourquoi, mais signalent que plusieurs facteurs pourraient jouer. Tout d’abord, les femmes ont plus facilement accès aux contraceptifs, dont la RU 486 ou pilule du lendemain, un stéroïde de synthèse utilisé pour provoquer des avortements. Par ailleurs, les médecins pratiquant l’IVG se font de plus en plus rares, notamment dans les zones rurales.
« Quatre-vingt sept pour cent des comtés aux Etats-Unis n’ont personne qui pratique l’IVG. Trente-cinq pour cent des Américaines vivent dans ces comtés », explique Rachel Jones, une responsable de l'Institut Guttmacher. Si les femmes n’ont pas accès à l’IVG, le taux d’avortement baisse automatiquement, ajoute Mme Jones.
Il se pourrait également que d’autres facteurs expliquent cette baisse, y compris l’amélioration de l’éducation sexuelle et l’accès aux contraceptifs. Par ailleurs, les opposants à l’IVG ont ouvert des centres de grossesse près des cliniques qui pratiquent l’avortement. Ils disent qu’ils arrivent à convaincre certaines candidates à l’IVG de changer d’avis, en leur offrant des échographies pour leur montrer leur fœtus.
Autre possibilité, ajoute l’étude de l'Institut Guttmacher: être fille-mère n’est plus un drame. L’expert en sciences politiques John Seery est d’accord. Les mentalités ont évolué, dit-il.