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Les Africains en position de force au sommet Afrique-Europe de Lisbonne


Quelque 80 chefs d’Etat et de gouvernement convergent vers Lisbonne, la capitale portugaise, y compris le Zimbabwéen Robert Mugabe. Pour une fois, semble-t-il, les Africains vont à la rencontre des Européens la tête haute, imbus qu’ils sont du nouveau pouvoir de négociation que leur confère le durcissement de la compétition en matière de commerce.

Le professeur Mills Soko de l’université du Cap en Afrique du Sud constate qu’il n’y a pas eu de sommet Europe Afrique depuis l’an 2000 pour cause d’affaire Mugabe. « Cette question a conduit, dit-il, au report d’un certain nombre de sommets, puis nous avons assisté à l’arrivée en force de la Chine sur le marché. »

L’Europe reste le plus grand partenaire économique du continent, poursuit Mills Soko, mais les investissements chinois ont doublé l’an dernier, atteignant 50 milliards de dollars, et pourraient doubler de nouveau d’ici deux ans, étant donné l’appétit glouton des Chinois pour les matières premières africaines. Le sommet Afrique-Chine a réuni cette année 44 chefs d’Etat et de gouvernement. Les Américains ne sont pas en reste, puisque des centaines d’hommes d’affaires américains sont allés en novembre à la rencontre de leurs collègues africains au Cap. Les compagnies indiennes et brésiliennes tentent, elles aussi, de se mettre en pôle position.

Adam Habib, qui enseigne les sciences politiques à l’université de Johannesburg, estime que cette nouvelle conjoncture donne de l’importance aux dirigeants africains.. « Il est intéressant de noter, dit-il, que les Africains sont ravis par ce qui leur arrive, parce qu’ils disposent désormais du moyen de jouer les investisseurs, les uns contre les autres, et de maximiser leurs propres possibilités de développement. »

Le cas du Zimbabwe est l’illustration de ce nouveau pouvoir africain. Harare a été invité au sommet, malgré les objections du Premier ministre Gordon Brown de Grande-Bretagne. M. Mugabe a tenu à faire savoir qu’il sera là. « S’ils veulent avoir de bonnes relations avec nous, ils doivent être prêts à s’asseoir à la même table que nous, pour qu’on puisse parler de coopération. Nous sommes disposés à le faire, mais nous ne sommes pas prêts à accepter qu’un Britannique vienne jouer le rôle de maître à nos dépens. Qui sont sont-ils après tout ? » s’est demandé Robert Mugabe.

De l’avis du professeur Adam Habib, les Européens ont reconnu que si le problème Mugabe doit être posé, il doit l’être en dehors de toute arrogance. Autre victoire africaine : les organisateurs ont accepté que le Zimbabwe et les autres sujets qui fâchent ne figurent pas à l’ordre du jour du sommet.

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