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États-Unis: Des efforts en cours pour prévenir les tensions inter-communautaires dans le Michigan


L’état du Michigan accueille traditionnellement d’importantes communautés arabes et musulmanes. Sa principale métropole, Detroit, ainsi que les régions avoisinantes comptent environ un demi-million de musulmans et américains originaires du Proche-Orient.

Les dirigeants arabes-américains du Michigan s’inquiètent depuis plusieurs années de l’impact de la guerre en Irak sur la communauté islamique, notamment la possibilité que les violences sectaires dans ce pays pourraient susciter des tensions ici même aux États-Unis. D’où la décision de 20 leaders musulmans de Detroit de signer un «Code d’honneur inter-confessionnel». Document qui condamne la violence sectaire sous toutes ses formes et interdit les propos pouvant susciter des affrontements inter-communautaires au sein des populations musulmanes locales.

Il faut dire que la colère gronde parmi les résidents originaires du Proche-Orient. Parmi eux: Fadhel Iljebori, un américain d’ascendance irakienne. «C’est ce qu’on voit à la télé: les attentats à la voiture piégée, des innocents qui meurent chaque jour, pour rien. Cela nous met en colère, ce qui se passe en Irak» explique Fadhel Iljebori.

Mais en dépit de son irritation, il ne s’en prend à personne. C’est en partie grâce aux interventions des dirigeants arabes-américains, dont le sunnite Farhan Latif de l’université du Michigan. «On a davantage besoin de dialoguer. Et la nécessité de discuter de ces questions, de mieux se comprendre, et de donner l’exemple, est encore plus une priorité» affirme Farhan Latif.

Selon ce responsable universitaire, c’est l’attentat à la bombe de février 2006 contre la mosquée d'Or de Samarra, un lieu saint chiite en Irak, qui a poussé les dirigeants sunnites et chiites du Michigan à entamer un dialogue régulier. Lors des prières, ces leaders ont appelé à la réconciliation et averti les fidèles d’éviter la confrontation. Heureusement, fait valoir Najah Bazzy, animateur dans une mosquée chiite, la plupart des musulmans américains estiment que la violence en Irak est une affaire politique plutôt que religieuse. «Ce qu’on réalise c’est que les instigateurs de la violence sectaire sont également ceux qui la qualifie de violence inter-communautaire. Mais ce n’est pas ainsi que nous voulons nous traiter les uns les autres. En grande majorité, on a le sentiment qu’il y a un plan pour jeter de l’huile sur le feu. C’est cela la source du problème» déclare en substance Najah Bazzy.

Pourtant, des tensions subsistent au sein de la communauté musulmane américaine. Si personne n’a pleuré le dictateur irakien Saddam Hussein le jour où il a été pendu, pas mal de gens ont déploré qu’on ait choisi, pour l’exécuter, d’attendre la fête de l’Eid, un jour saint pour les sunnites.

Certains mosquées du Michigan ont également été ciblées par des vandales. Mais il s’agit là probablement de crimes imputables non pas aux tensions inter-communautaires mais plutôt à l’islamophobie qui subsiste aux États-Unis, affirment des experts. D’où cette constatation: plus de 5 ans après les attentats du 11 septembre 2001, certains membres de la communauté musulmane américaine s’estiment encore assiégés par les pouvoirs publics et le climat négatif dans l’opinion publique.

Entre-temps les musulmans du Michigan continueront de privilégier le dialogue pour juguler toute violence.

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