La publication de plusieurs passages d’un rapport secret des services de renseignement américains sur l’Irak suscite une vive polémique ici aux Etats-Unis. Le document, dont la teneur a été partiellement révélée par le New York Times et le Washington Post, affirme que la guerre en Irak a aggravé la menace terroriste.
Les 16 agences américaines de renseignement rédigent régulièrement un rapport de synthèse intitulé « National Intelligence Estimate, » une évaluation du renseignement national. Le dernier en date a été livré à la Maison Blanche avant le début de la guerre en Irak. Le suivant, achevé en avril, souligne que ce conflit a contribué à accroître la menace terroriste en inspirant une nouvelle génération d’extrémistes musulmans. La Maison Blanche a fait valoir qu’elle ne commente pas les informations contenues dans ce type de rapport, classé secret, mais son porte-parole a souligné que les extraits publiés par les media ne sont pas représentatifs de l’ensemble du document.
Au Congrès, on fait preuve également de circonspection. Cependant, Jane Harmon, député démocrate siégeant à la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, ne cache pas son approbation des conclusions publiées par les médias. « Je ne vais pas faire de commentaire sur le document, parce qu’il est classé secret, mais chaque analyste à qui j’ai parlé a confirmé que la guerre en Irak a renforcé la menace terroriste, » a-t-elle déclaré.
Le sénateur républicain Arlen Specter a dit partager les préoccupations de ses collègues démocrates. Toutefois, il a appelé les membres du Congrès à lire l’ensemble le document en question avant de se prononcer. Pour le leader de la majorité républicaine au Sénat, Bill Frist, qui n’a pas encore pris connaissance du rapport, le fait reste que les Américains doivent comprendre l’importance de la guerre contre le terrorisme en Irak et ailleurs. « Je pense - comme la majorité des Américains - que ce que le rapport montre, c’est qu’il faut gagner, c’est que nous devons remporter cette guerre contre le terrorisme, quel que soit le théâtre d’opérations, » a déclaré le sénateur Bill Frist.
Entre temps, le Pentagone annonce la prolongation du déploiement en Irak d’au moins 3 500 soldats américains. Les Etats Unis ont plus de 140 000 militaires en Irak. Le Président irakien Jalal Talabani s’est prononcé aujourd’hui pour une présence militaire américaine à long terme dans son pays. Dans une interview accordée au Washington Post, M. Talabani a précisé que l’Irak aura besoin pendant longtemps de la présence d’au moins deux bases aériennes américaines et de 10 000 GIs.