Les Tchadiens sont appelés aux urnes le 3 mai pour élire leur président. Au pouvoir depuis 1990, le président Idriss Déby Itno brigue un troisième mandat. Son ministre de l’Agriculture, Pahimi Padacket Albert du Rassemblement des nationalistes pour le développement du Tchad/le Réveil, l’ancien Premier ministre Kassiré Coumakoye, leader du Viva/RNDP (Rassemblement national pour le développement et le progrès) et Ibrahim Koulamallah du Mouvement socialiste africain sont les seuls à avoir fait acte de candidature.
Estimant que les conditions ne sont pas réunies pour une élection libre et transparente, les principaux partis d’opposition ont appelé au boycottage du scrutin. Contacté par Lamia Gritli, Lol Mahamat Choua, leader du Rassemblement démocratique pour le progrès (RDP) a dénoncé le processus électoral tchadien. « Tout se fait dans l’opacité. On ne va pas aller (...) perdre notre temps et notre énergie pour des élections perdues d’avance » a-t-il dit.
Les organisations de la société civile demandent, pour leur part, une annulation de la présidentielle du 3 mai. Pour Delphine Djiraïbé Kemneloum, coordinatrice du Comité de suivi de l’Appel à la paix et à la réconciliation nationale, le pays doit s’engager dans un processus de transition institutionnel de 18 mois, sous la présidence d’Idriss Déby Itno. Une telle transition « va permettre aux acteurs politiques de rediscuter des conditions pour des élections libres et transparentes, dont les résultats seront acceptés par tous » a-t-elle expliqué à Lamia Gritli.
Dans un entretien avec Lamia Gritli, Roland Marchal, chercheur au Centre national de la recherche scientifique à Paris et rédacteur en chef de la revue « Politique africaine » établi un parallèle entre la situation au Tchad et les élections soudanaises de l’an 2000. Lors de ces élections, le président soudanais Omar Hassan al Béchir s’était trouvé confronté à « des opposants qui avaient travaillé avec lui jusqu’à la dernière minute, ou à de glorieux inconnus » a dit M. Marchal.